J’ai vu le jour un matin de Noël. J’attendais depuis plusieurs heures dans le noir, n’osant regarder à travers le papier. Je crois même que je me suis un peu endormi. Il faut dire que le voyage avait été quelque peu… ballotant. J’ai essayé de rester éveillée plus par peur que par curiosité. J’avais déjà connu de longs trajets avec l’espoir de voir le jour. Il n’était jamais venu. Là encore j’espérais tout autant que j’appréhendais. Il faut dire que j’avais entendu de voix. Un timbre de voix différent de ce que j’avais entendu jusqu’à maintenant. Plus aigu, plus joyeux. Cela m’avait intriguée mais le sommeil avait fini par me gagner. Quant au réveil… Je le qualifierai de violent. C’est ça. Un déchaînement sur moi que j’aimais je n’avais connu auparavant. J’avais eu raison d’avoir peur. Je me sentais déjà morte avant même d’avoir vu le jour. Une vie enfermée et sans utilité. Inutile je suis née, inutile je mourrai ! Un cri strident m’a extirpé de mes pensées au même moment où la lumière entrait en moi. J’allais enfin me découvrir. Et bien non. Parce qu’à peine ouverte, je me suis sentie me vider. Tout ce qui me composait sortait de moi. Comme si on me retirait mes organes, mes viscères… J’ai voulu crier, hurler, « au secours » mais rien n’y a fait. J’entendais des « oh, un eyeliner, un rouge à lèvre noir (ah bon, le rouge et le noir, ça peut le faire ??!), du vernis, du mascara, du fard, du…. » Stooooppppp. J’ai arrêté d’écouter cette énumération de ce qui avait donné un sens à ma vie. On m’ôtait mon moi intérieur et me laissait tétanisée, incapable de bouger, gisant sur le sol. Une fois cette terreur passée, je me suis aperçue, non sans un certain plaisir, que je me sentais légère. Une légèreté nouvelle, surprenante mais pas pour autant angoissante. Alors j’ai décidé de considérer la situation sous un autre angle. Et si ma mission était différente de ce que je pensais jusque-là. Comme le disait Monsieur le parfum à côté duquel j’ai vécu quelques temps, : Attendons de voir.
C’est ainsi que le jour suivant, je me suis retrouvée dans une chambre d’enfant remplie de couleurs. Moi, pas la chambre ! Des crayons de couleur, des feutres, une gomme… Moi qui avait toujours cru que ma mission était de colorer des visages et bien il s’est avéré, que je manquais fortement d’ambition puisque j’allais colorer des vies.
J’ai bien aimé cette simple et jolie idée, j’aurais simplement changé le dernier “colorer” en “colorier” pour le jeu lexical, mais c’est très subjectif. Une question technique, aviez-vous la fin en commençant à écrire et avez-vous respecté le temps suggéré ? Vous êtes la première que je lis, j’aime bien l’idée d’échanger à propos de nos écrits, c’est enrichissant. Bonne journée !
Je vais commencer par vous souhaiter la bienvenue. J’ai découvert Algomuse il y a peu de temps et c’est, comme vous le dites, très enrichissant de partager des textes, des lectures, des regards, des avis…
Je viens de regarder les définitions (et non mon dictionnaire interne) sur la nuance entre “colorer” et “colorier”. Je vais garder “colorer” dans le sens de donner de la couleur ce qui laisse la possibilité d’être plus libre. Pour moi, “colorier” c’est un peu remplir des zones, un espace, ne pas déborder…
Concernant vos questions, j’ai respecté le temps mais je tape avec mes dix doigts et plutôt rapidement.
Concernant la fin, je l’avais dans une anecdote récente. Une professeur de collège m’a raconté avoir deux élèves qui venaient en cours sans cahier ni trousse, si ce n’est leur trousse de maquillage !! Je suis donc partie de cette idée.
Au plaisir de vous lire