Un de perdu

Une allée de cyprès crève un ciel chiffonné
Et va jusqu’aux tombeaux des êtres trépassés.
Le fossoyeur éructe et croît du fond du trou
Qu’il creusa ce matin pour le défunt époux.
Longue, mince, en grand deuil, douleur majestueuse,
Elle avance à pas lents vers la stèle coûteuse,
Se penche au bord du creux pour lui tendre la main
Et le hisser plus près. Soudain, l’homme séduit
Sent son orgueil de gars puissant monter en lui,
Et dans un grand élan, vient consoler la belle
Qui doucement lui dit : « Que vous êtes cruel ! 
Ô Satan, prend pitié de ma longue misère
Viens me réconforter, me plaire et me distraire
Je sens trop, vers le soir, cette horreur d’être née,
Et puisqu’il n’est plus là, je veux le remplacer ».

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