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Scène de la vie ordinaire

Dans la banlieue chic de la ville, vivait la famille de Marie-Charlotte. La toute jeune fille, étudiante en troisième année de médecine, fréquentait sérieusement son petit ami Quévin, depuis six mois, en cachette. Elle avait décidé de le présenter à ses parents mais un certain décalage culturel lui faisait craindre leur désaveu concernant cette relation.
Quévin arriva avec une élégante composition florale dans un monde qu’il ne connaissait pas. Il se sentit soudain dans une sorte de monde virtuel.
Grâce au merveilleux bouquet qui eut l’art de détendre l’atmosphère, très vite les conversations allèrent bon train autour du repas dominical. Les parents, soucieux de l’avenir de leur fille, posaient mille questions. Quévin, se prêtait volontiers à ce jeu. L’ambiance était un peu guindée mais le garçon avait une tenue impeccable. Marie-Charlotte était rassurée. Arriva enfin LA question, celle qui allait faire tout basculer.
– que souhaitez-vous faire dans la vie, jeune homme ?
– Marie-Charlotte et moi pensons monter un petit commerce de fruits et légumes
– Marie-Charlotte, vous n’y pensez pas ! Et vos études de médecine ? Il est hors de question de sacrifier votre carrière. Il n’y a jamais eu de marchands de légumes dans la famille et il n’y en aura jamais.
Quévin, qui avait dû composer durant tout le repas, fit voler toutes les convenances et retrouva son langage fleuri en ouvrant le combat.
– J’offre à votre fille un avenir qui vaut son pesant de cacahuètes et vous râlez ? J’ai les boules. Ce ne sera peut-être pas le Pérou mais comme disait mon viok « mieux vaut être pauvre et libre que riche et serf ». Car, faut pas croire, il était instruit mon viok.
Madame, les lèvres pincées, un haut-le cœur, blanche comme la farine :
– Charles ! Réagis !
Lui, offusqué, rubicond comme la gorgée de bordeaux millésimé coincée au fond de sa gorge :
– mfffff
– Je vais vous dire un truc : c’est pas parce que vous avez des biftons qu’y faut faire la loi. Votre fille, c’est ma meuf, vous pigez ?
– Allez, viens ! On s’tire !

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