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 Ces petites pattes piétinaient le sol meuble depuis des heures. Son long pelage noir et fauve était couverte de boue et de branchages. La jeune chienne avais perdu son jolie collier rouge et son oreille lui faisais mal.

 

 La forêt était sombre et haute, elle s’étendait à perte de vue, très vite elle ne trouva plus les traces de son maître et s’enfonça de plus belle dans l’inconnu.  La nuit était de plus en plus froide et inquiétante, ne distinguant que les ombres autour d’elle.

 

 Épuisée et frigorifiée, elle décida de se blottir sous un gros chêne centenaire. Son long museau fin était gelé, de la buée sortant de sa truffe à chaque respiration. Tout autour d’elle la terrifie. Tournant la tête au moindre bruit, et tâchant de repérer ce qui se passait, pour s’efforcer de se calmer. Des craquements de branches. Des animaux nocturnes grouillant tout autour d’elle. Des bruissements de feuilles que la brise glacée faisait danser. Même le hululement d’un hiboux au loin la fit frémir.

 

 Elle se mit en boule pour essayer de se réconforter, tentant de se faire la plus petite possible, ce qui n’était pas simple avec ses trente-cinq kilos et ses soixante-dix centimètres au garrot, c’était un grand berger, on le lui avait souvent répété.

 

 Elle espérait que les bêtes sauvages ne la sentent pas, tapies dans les feuilles mortes de ce vieux chêne. Et puis peut-être que son maître la retrouverait plus facilement si elle ne bougeait plus ; elle n’aurait peut-être pas dû bouger au préalable en y repensant, « ne bouge pas, soit sage, je reviens » avait-il dit avant de disparaître plus tôt dans la journée.

 

 La nuit était bien avancée maintenant, mais elle restait toujours aussi sombre. La lune jouait à cache-cache derrière les nuages et les feuilles des arbres, lui permettant de temps à autre d’apercevoir quelques bosquets et racines, des yeux jaunes, même, par moments…

 

 La jeune chienne était à bout de forces, et peinait à garder ses yeux ouverts, la tête posée sur ses pattes avant. Mais la faim qui l’a tiraillé ainsi que la peur l’empêchait de se relâcher. Elle était perdue, elle le savait, elle avait beau connaître la forêt proche de chez elle sur le bout des griffes, ici elle n’était pas en terrain connu et cela l’effrayait. 

 

 Soudain quelque chose attira son attention ; elle tendit l’oreille, une forme rousse s’approchait d’elle à pas feutrés. Se relevant d’un bon, le dos droit, en alerte, elle plissa les yeux pour mieux voir :

 

– Qui…qui va là ! dit-elle d’un ton mal assuré, mais tentant de garder son calme.

 

 L’animal s’approcha de plus près et vain se poser sur un petit rocher en face d’elle.

 Il s’agissait d’un renard au pelage roux et blanc comme la neige et au bout de queue tacheter de noir :

 

– Ne t’inquiète pas mon joli toutou. Ce n’est que moi. Comment t’appelles-tu ?

 

– Ambre ! dit-elle après une hésitation.

 

– Oh ! quel joli nom ! en écho avec ton joli pelage, la complimenta-t-il d’un ton jovial.

 

– T’es-tu égaré ma chère ?

 

 La jeune chienne ne savait quoi lui répondre, par où commencer ?

 

– Oui, je me suis perdu. Commença-t-elle

 

 Elle décida de lui raconter tout depuis le début :

 La journée avait plutôt bien commencé, elle se souvenait être allée en promenade, avec son maître, aux premières lueurs du jour. Ils avaient pris la voiture, elle aimait ça, la voiture. ils s’étaient baladé tous les deux à travers bois, ils étaient même passé près d’une rivière, où elle s’était permise une petite baignade, elle était si heureuse.

 Mais cela ne devait pas être au goût de son maître ; qui la rappela à l’ordre très vite avant d’attacher à son collier une grosse corde, qui la gênait un peu. Ils s’étaient éloignés plus loin dans les bois puis attacha cette dernière à un arbre, lui intimant de rester assise.

Il s’était éloigné d’elle, elle s’était mise à l’appeler . le doigt sur la bouche son maître la gronda « chut ! soit sage ! assis ! » . Elle s’exécuta sans un mot sa queue touffue balayant les feuilles mortes derrière elle . Puis après l’avoir regardé droit dans les yeux, il lui a dit d’attendre sagement là. « Ne bouge pas, soit sage, je reviens… » lui disait-il avant de disparaître.

 Elle avait attendu là, sagement, mais il ne revenait toujours pas, ses pattes engourdies par l’inactivité, elle avait fini par se lever et faire les cent pas, la corde la gênait et son maître ne revenait toujours pas. La journée déclinait, la jeune chienne avait faim et ses babines étaient sèches. Elle avait éprouvé la corde à plusieurs reprises,  tirant de toutes ses forces, mais son lien avait résisté. Elle avait beau tirer, ni la corde ni le nœud, ne cédait . Elle tira de plus belle, arquant le cou, cambrant l’échine,  ses quatre pattes s’enfonçant dans le sol retourner, elle tirait de toutes ses forces, son collier lui faisant mal aux oreilles. Quand soudain ! ce dernier lâcha.

 Libérée ! elle bascula en arrière, et avec le choque, dégringola la butte jusqu’au cœur des bois. Elle avait mal un peu partout et son pelage était tout sale. Elle se remit tant bien que mal sur ses quatre pattes.

 La chienne désespérait ce n’était alors mis à la recherche de son maître, reniflant partout, tentant de retrouver son odeur mais aucune trace. Elle avait tenté de suivre son instinct, dans l’espoir de trouver quelque chose. remontant les chemins qu’emprunter les petits animaux et avait fini par atterrir ici ; aux beaux milieux de cette forêt terrifiante, en pleine nuit et le cœur serré, perdu.

 Quand elle eut fini son histoire l’expression du renard avait changé, il était triste, le regard brillant, il lui répondit d’une voix douce :

– Oh ma chérie, je suis tellement désolé pour toi ! Mais tu sais, cela arrive chaque année. Aux alentours des vacances les hommes se lassent. 

 

– Mais cela n’a aucun sens ! Je suis gentille avec mon maitre. Je lui apporte son journal tous les matins et je lui réchauffe les pieds l’hiver.

 

– Ne cherche pas de logique à cette injustice. Tu n’es pas la première à atterrir ici et tu ne seras surement pas la dernière malheureusement . Ajouta le renard d’une voix apaisante. Reste avec moi et tu seras en sécurité. Nous tâcherons de te trouver une autre famille qui te méritera.

 Sur ces mots, le renard se remit en marche, d’un signe de la tête il lui fit comprendre qu’elle devait le suivre . 

 

 Et c’est ainsi qu’elle trouva le courage d’avancer vers l’inconnu à travers ces bois sombres et inhospitaliers, en compagnie de son nouvel ami.

Fin

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