La buée a envahie la salle de bain, une légère fumée sort par la porte et l’on ne pourrait voir aucun reflet dans le miroir tant il est noyé par les gouttelettes d’eau. Chaude, elle la voulait bien chaude cette eau pour se relaxer. Aujourd’hui devrait être un jour de fête, un jour de joie et de bonheur, alors qu’il ne sera que supplices et abymes.

La , voilà donc, face à cette évidence. On ne peut pas arrêter le temps. Jamais, il court indéfiniment vers l’inconnu. Elle tourne les robinets, l’eau s’arrête de couler, elle s’essor les cheveux. Son esprit est complètement envouté par cette journée. Déjà là, le temps passe vite, trop vite. Elle sort de la baignoire d’où s’écoule encore la mousse et se plante, là, devant le miroir. Rien, elle ne voit rien. Pas étonnant puisque ce dernier est embué, celui même qui doit refléter la réalité. Mais justement, cela l’arrange bien, elle ne souhaite pas la voir. Elle fuit. Et pourtant, il va bien falloir enlever cette couche qui cache son visage. Elle reste un moment devant, immobile, et repense aux rêves de cette nuit.

Tout était mélangé, comme d’habitude, sans aucun sens, mais tellement emplie de sentiments forts, que même après un petit déjeuner et une douche, ils viennent encore la hanter. Tout était mélangé dans une étrangeté qui la mettait encore mal à l’aise. Son chat, sa mère, son père, sa sœur, l’une des maisons de ses parents, son frère étaient présents, dans une situation complètement burlesque mais qui encore à cette heure avancée de la matinée, l’atteint encore. Bizarrement ses filles et son mari n’étaient pas présent dans ce rêve. Quelle interprétation lui donner ?

Elle pense et repense à ces images venues de son inconscience qui la perturbe tant; elle voudrait tellement passer à autre chose. Tout  la retient dans ce passé si douloureux.

Elle essuie finalement ce miroir, avec détermination, mais ce qu’elle voit ne la réjouit pas. Il a tellement raison son frère; elle ressemble de plus en plus à sa mère au même âge. Elle ne supporte pas ce reflet qui lui renvoie tant de bonheur et de souffrance à la fois. Elle pleure tout en avançant sa main contre ce miroir pour caresser ce visage reflété.

” Maman !” pense t-elle. Elle pleure d’avantage. ses sanglots remontent du plus profond d’elle même et elle ne peut plus s’arrêter.

” Non ce n’est que moi ” arrive t-elle à penser.

” Tu me manques tellement, je voudrai tant pouvoir encore te parler, te toucher….!” Son désespoir prend forme sans même qu’elle s’en rende compte.

Maintenant, elle s’est assise sur le rebord de la baignoire, vide de toute mousse, et pleure de tout son corps sa douleur, son mal être. Elle revoit sa mère au même âge, heureuse de vivre, souriante, avec cette envie inconditionnelle de vouloir faire plaisir. C’est trop dur! Elle ne le supporte plus. Son manque affectif, ses rêves, ses désillusions depuis toutes ces années, ses péripéties ……

Elle sent comme une décharge électrique l’atteindre au cœur. Non, elle ne va pas partir. Elle va juste devoir accepter qu’aujourd’hui elle a 50 ans !

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