Quand le poisson-scie se lamente, pauvre vertébré, il compte cervicales et arêtes en surnombre. “Comment pourrait-on vouloir de moi ? Aucune étreinte ni caresse pour un vilain affublé de tant de dents ! Osselets et crocs qui s’enchevêtrent ! Qui voudrait s’approcher de tant de crochets ?” Il déambule ainsi sur les bords d’un ruisseau, piteux capitaine, ruisseau le long duquel dandine un drole d’animal tout rond. Tout en noir et blanc voilà un ourson bien léché qui pourtant bougonne tout autant. “Marre de tous ces gens qui me veulent pour eux ! Mignon moi ! Bas les pattes ! Trop de succès fond de moi une proie facile, et les envieux me désirent plus pour me posséder que pour me respecter.” Ainsi ces deux êtres vivants souffraient chacun à leur manière des atours qui étaient les leurs. Chacun dans son élément, l’un dans les flots, l’autre sur terre, tous deux souffraient de ce que la nature leur avait offert. C’est malgré tout grâce à un dernier don commun qu’ils finirent par s’apercevoir, l’un vit une licorne dans les vagues quand l’autre découvrit dans les herbes hautes un titan! “Quelle présence et quel panache” dit le panda au poisson scie, qu’elle belle épée pour éloigner les indigents!” “Quel charisme et quelle fourrure, dit le poisson au mammifère pas peu fière, vous devez être un Roi des animaux! C’est ainsi que par leurs paroles aimables les deux animaux se flattèrent et cette rencontre fit du “panda mignon” un royal ours polaire et du poisson scie un désirable “chevalier triton”.

Belle nature qui donna l’usage des mots aux êtres vivants et le moyen de se comprendre pour trouver consolation dans d’aimables et de consolantes paroles…

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