• 1 an 
  • 2Minutes de lecture env.
  • 169Lectures récentes
10
(1)

Introduction

Tout avait mal commencé

Cinquante francs quand j’en valais dix fois plus, c’est le prix qu’il m’avait payé. Cinquante francs ! Je ne te dis pas, ami lecteur, la honte que j’en avais éprouvée. Être ainsi bradé quand tu as déjà tant prouvé tes talents, je ne crois qu’il fût jamais de pire châtiment.
Lui, celui qui m’avait acheté, ou plutôt “volé”, pour cinquante balles, c’était un vaurien de dix-huit ans. Et il s’en vantait ! : “Cinquante balles, t’imagines ?, un Zenit-E pour cinquante balles !”.
Comment s’y était-il pris pour achever son larcin ? Rien de plus simple en vérité : il avait deux complices : une blouse blanche – très, très blanche -, et une cravate. Oh, il n’était pas “chef”, mais il était “premier vendeur” du rayon photographie…
C’est donc lui qui décida de mon obsolescence. Il s’en ouvrit au chef, qui décida de me solder. Et comme par hasard, lui, le gamin, se porta acquéreur de la solde ! Bien sûr, comme tu vas voir, tout cela était très exagéré…
D’abord, je n’étais pas obsolète. Tout au plus quelques jeunes japonais aux traits bien soignés venaient d’apparaître et menaçaient de s’emparer du rayon ; mais enfin rien qui justifiât qu’on me soldât déjà. Ma vie l’a bien prouvé…
Ensuite, le chef était incompétent. Il était gestionnaire mais n’était pas artiste. Quant au gamin, il sortait de Colmar, et non de Vaugirard ! Que savait-il de l’art ? Tu le vois, tout était truqué : ces deux-là me réduisaient à n’être qu’objet technique et marchandise, quand moi, dans mon for intérieur, derrière le rideau…
Et enfin, ma vie qui continue, inlassablement, un demi siècle après ces événements, ma vie ma propre vie ne montre-t-elle pas qu’il restera toujours sur Terre un être humain qui craint assez la mort pour me trouver encore… un peu d’utilité ?!
Mais bon, d’accord, il va donc falloir te la raconter, ma vie… Alors revenons au rayon, c’est de là que tout est parti. La fabrique, à Moscou, n’était que la matrice. Je suis né au Mammouth de Besançon, le 14 juin 1976…

à suivre… (peut-être….)

Moyenne obtenue : 10 / 10. Nombre de votes : 1

Soyez le-la premier-ère à exprimer votre ressenti !

Partager ?

0
L'auteur-trice aimerait avoir votre avis, veuillez laisser un commentaire.x