Je suis né un beau matin de décembre dans l’esprit de ma mère.
Je suis né dans le bruit et la fureur balloté, tatoué, et enfin éjecté de la matrice.
le froid m’a envahi.
Des mains chaudes et attentionnées m’ont saisi.
Des yeux que je ne reconnaissais pas m’ont parcouru, un sourire s’est dessiné sur son visage, puis elle m’a posé là sans plus d’égard.
Abandonné sur le guéridon, j’ai attendu des jours et des jours. J’entendais au loin des bribes de conversations, des mots qui me laissaient espérer un avenir meilleur. Un jour, la porte s’est ouverte, je l’ai vu de nouveau apparaître, son joli regard posé sur moi. Mon coeur n’a fait qu’un bond puis elle s’est de nouveau détournée. Elle me délaissait une nouvelle fois.
Plusieurs jours ont passé, abandonné, je commençais à désespérer et à me lamenter de cette triste vie lorsqu’elle revint vers moi enfin.
Soudain, elle me saisit, m’emmena enfin avec elle.
Bien que pressée, elle me glissait délicatement dans son sac où je cotoyais un tube de rouge à lèvres, un stylo, des clefs et toutes sortes d’objets que je n’ai pas identifiés. Serré, écrasé, j’étouffais lorsque tout à coup , elle me sortit de l’obscurité pour me brutaliser. Je fus transpercé par une douleur atroce. Je croyais ma dernière heure arrivée. Peu sensible à mes souffrances, elle me renvoya sans délicatesse avec mes compagnons d’infortune. J’avais chaud, j’ignorais ce qui allait m’arriver et je prenais malgré tout mon mal en patience. Exténué, je finis par m’endormir. Je fus brutalement réveillé par sa main qui m’extirpa de ma prison. Un soleil brûlant m’aveugla. J’entendis une voix chaude qui égrénait des destinations, Marseille, Bandol, Aix en Provence. Je vis une nouvelle foi son regard, indifférent cette fois, qui ne s’attarda pas sur mes belles lignes. Elle se contenta de me presser dans ses mains, de me froisser et de me laisser là dans un lieu sombre, inconnu où s’agglutinaient toutes sortes de détritus. C’était la fin du voyage, j’étais rendu à l’oubli.
Courte vie mais pleine de rebondissements. Je n’avais pas relu les contraintes si bien que j’ai pu profiter avec plaisir de la lecture sans connaître trop tôt l’objet de cette biographie 🙂
Bienvenue!
Oui, c’est joliment écrit et très sensible. Un petit visuel (image libre de droit) pour attirer l’attention sur ce beau texte? Bienvenue, en tous cas!
(Mon ressenti, ma lecture…)
Quand le symbole du voyage devient humain et nous montre si bien qu’il a besoin d’attention, d’amour, et combien leur innocente absence est cruelle malgré elle, alors le défi de l’algobjet n’est pas seulement relevé : il est poétisé !
(Sans préjudice de la tension philosophique du texte…)
Bravo ! Et bienvenue sur l’Algo !
Merci pour cet éphémère et agréable voyage.