Plusieurs fois par semaine, depuis des mois déjà, il venait en voleur la voir à la nuit tombée.

Secouée du tremblement douloureux des crapauds attendant d’être lapidés, elle l’écoutait se rapprocher à pas lents et feutrés.

Vague lueur dans l’entrebâillement de la porte, silhouette lourde et massive, terriblement déterminée.

Elle feignait parfois de dormir, espérant ainsi le dissuader, mais de son jeu de fillette il n’était pas dupe et toujours la “réveillait”.

Commençait alors la valse nauséeuse des abjects touchers.

Intimité fragile brutalement déflorée.

Oh qu’elle haïssait jusqu’à l’odeur de son souffle, jusqu’au son de sa voix!

Satisfait enfin, il se relevait éructant, pour remporter – quasi-triomphant – vers sa chambre d’ours solitaire les saveurs de sa peau d’innocence cruellement malmenée.

Un jour, pourtant, l’enfant n‘en put plus. Le repoussant d’une main ferme, indifférente à ses menaces, elle s’agita, se cambra pour enfin s’autoriser à hurler.

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