Un jour, à une certaine époque, quelque part… Bref, il était une fois un jeune hobereau qui méditait en pleine nuit, le regard tourné vers le ciel.

Ses journées catastrophiques lui attiraient les sarcasmes de ses congénères. Il était chétif, peu dégourdi et la nourriture lui filait toujours entre les pattes. Bref, tout le monde le considérait comme un c…

Pourtant, il y avait une raison à cela. Jeune hobereau avait peu d’intérêt pour les nécessités du quotidien et s’extasiait devant mille petits détails que la nature plaçait sous ses yeux.

Le chef du groupe, un énorme volatile qui semblait d’une autre espèce, le lui reprochait sans cesse. “Tu dois chasser, bâtir ton nid, courtiser une femelle et produire une lignée qui contribuera à la sauvegarde du groupe”.

Mais le simple temps de ces mots, jeune hobereau faisait déjà glisser son regard à l’arrière-plan et se demandait d’où le ciel tenait sa couleur, d’où venait l’humidité invisible qu’il ressentait, bref s’égarait…

Ainsi passaient les jours de jeune hobereau, sous les quolibets et le mépris des autres.

Un soir, quelque chose changea dans l’atmosphère et personne ne s’en rendit compte. Tous étaient bien trop fourbus par leur journée de labeur. Tous sauf un. Jeune hobereau ressentit en effet un souffle lointain et étrange qui venait bousculer intimement la platitude de la nuit. Il n’avait jamais lu de livre d’histoire bien sûr, mais il avait perçu un danger inédit.

Il le ressentit si fort que son alerte fut prise au sérieux. « Montez, montez tous, plus haut dans les collines ! Emportez vos petits, vite, vite ! »

Après quelques heures d’un va et vient incessant, épuisant, les regards las mais courroucés se tournèrent vers jeune hobereau. « Que nous as-tu prédit, oiseau de malheur, bécasse, tête de linotte ? », tempêta le grand chef.

Alors, du rivage parvint une vague puissante qui engloutit toutes les terres et ne laissa de vivant que la pointe haute de leur refuge.

« Il n’y a point d’assotissement à contempler le monde » dit jeune hobereau. Mes années d’observation m’ont préparé à vous sauver. Le c… que vous croyez n’est pas celui auquel vous pensiez ».

Et c’est ainsi qu’il devint le chef des faucons, et que l’ancien chef fut baptisé Condor.

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