Il portait ses souvenirs comme on trimbale un baluchon. Où qu’il arriva, il lui fallait le déballer. Peu à peu, l’obsession le gagna de s’en débarrasser. Les assassiner ?!…
Non, bien au contraire! Il chérissait ses souvenirs, les bons et les mauvais comme on aime ses enfants: pleinement, inconditionnellement.
Sa vie avait été riche de belles choses et entachée aussi du plus mauvais. Ces expériences accumulées devaient être confiées à qui serait capable d’en prendre soin et surtout, surtout, à qui serait capable de déballer à son tour le baluchon toujours plus lourd, où qu’il aille.
A quoi bon quitter cette terre avec un baluchon plein! Là où il se savait partir inéluctablement , la sagesse était un pré-requis qu’il espérait avoir acquis.
A présent, il était simplement temps pour lui de passer le témoin. Il n’était pas un sage, non… juste un homme qui voulait donner sens à la vie: la sienne et la nôtre aussi: un passeur de mémoire.
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Une belle pirouette métaphysique sur un incipit difficile. La langue souffre un peu (mon idée, n’est-ce pas ?), mais c’est comme s’il fallait dire l’essentiel le plus vite possible (?). Or, l’essentiel est là. Au final, n’est-ce pas là le sens d’écrire que d’écrire “l’essentiel” ?
le devoir de mémoire, ce qui nous enrichit.