” un, deux, trois, nous irons au bois, quatre, cinq , six ceuillir des cerises, ….. ”
Me voilà, sautillant telle une sauterelle sur cette route gravillonée en chantonnant gaiement à la recherche d’un mets succulent.
Hé oui, mon poupon fièrement installé dans sa chaise haute en bois crie famine ! Il n’en faut pas plus pour une mère exemplaire telle que moi de courir lui chercher de quoi l’apaiser !
Je ressens, encore aujourd’hui, cette sensation. …je suis heureuse car je peux faire ce qu’il me plaît. Nous sommes en été, mais le soleil ne chauffe pas encore trop à cette heure de la matinée. Je peux donc partir, avec mon petit panier, récolter ces fleurs nécessaires pour la soupe de mon poupon. ” …..sept, huit, neuf, dans un panier neuf , …..”
Il fait bon, les rayons du soleil effleurent à peine ma fine peau de petite fille et le pré voisin renvoye des effluves de fraîcheurs dûes à la rosée. C’est une belle journée pour aller cueillir des carottes sauvages. Je les aime tant ces fleurs. Elles poussent de partout naturellement et nous sommes toujours sûres d’en trouver. Il a faim mon bébé, et je vais lui préparer la meilleure soupe du monde !
Je trottine, toujours heureuse, libre de faire ce que j’ai envie car à la maison du bonheur nous sommes libres de faire ce qu’il nous chante. Nous sommes dans un hameau, cul de sac, où vivent très peu de personnes. Ici règne la liberté. Mes parents nous laissent partir et revenir à notre guise. Ils nous savent en sécurité dans cet endroit. Nous sommes loin de la ville et même du premier village, digne de ce nom. Maman, comme à son habitude, est dans la cuisine et papa est au potager. Si j’avais à définir cet endroit, cet instant en un mot, instinctivement, ce serait ” vivre ” !
“……dix, onze ,douze, elles seront toutes rouges ” ! Et bien non, mes carottes sauvages sont blanches et bien blanches ( dans d’autres régions elles peuvent être roses ). C’est pas grave car en fait, il n’y a aucun lien entre la comptine et les fleurs…….ou, peut être, juste alors ce sentiment léger d’une enfant joyeuse et insouciante d’aller cueillir quelques fleurs pour préparer le repas d’une poupée dans la douceur d’un matin d’été !
J’aime beaucoup cet esprit “fraîcheur”, cela donne envie de sautiller avec cette petite fille.