Pour les élections de Miss Capucine, séductrice née, Monsieur Pierre de la Renardière, le maire, a décidé que seules les demoiselles de la vallée auraient le droit de participer. Ainsi, sa fille Léonie, belle brune aux yeux turquoise, a toutes les chances de se trouver sur le podium et ne pas rester sur la touche. Cet évènement de fin juin a fait l’objet d’une présentation détaillée dans la presse locale et le créateur Jean Joseph Lapin, exposera ses sculptures de bois flotté. Chaque réunion en vue de l’organisation du fameux jour est animée. Le maire déploie ses talents d’orateur pour convaincre les conseillers municipaux de s’impliquer. Il veut que les jeunes demoiselles soient accueillies et assistées par les tous habitants : Confections par les couturières de robes légères allant du jaune au rouge orangé pour chacune d’elles, compositions de gros bouquets en papier crépon réalisés à l’école par les gamins en vue de décorer le podium, édification d’un muret avec ces nouveaux cartons alvéolaires solides afin d’ exhiber les œuvres de Jean Joseph. Tous les citoyens sont à pied d’œuvre ! Pierre de La Renardière se pavane, bombe sa poitrine, se gonfle comme un paon à l’idée de l’arrivée de cette fête, SA fête ! Il visualise déjà Léonie éblouissante portant un diadème brillant sur le podium.
Le grand jour arrivé, la ville est en ébullition pour les festivités. La fanfare entonne une marche rythmée devant le podium en attendant les concurrentes. Ces dernières, vêtues de robes en voile vaporeux et d’escarpins élégants, se toisent du regard avec dédain. Leurs tenues sont parfaites bien que chacune d’elle ne perd pas de vue que « la plus belle fille du monde ne peut donner que ce qu’elle a ». Elles attendent le présentateur patiemment devant la mairie. Le défilé doit débuter dans quinze minutes. Le public nombreux venu de toute la région observe les concurrentes avec attention : les pronostics vont bon train. La tension est palpable : Monsieur le Maire est en retard. Les concitoyens de la commune s’indignent : c’est bien la peine de stresser les habitants toute la semaine pour ne pas être là !
De son côté, dans son bureau à l’étage, Pierre de la Renardière gesticule, téléphone en main. Il s’agite frénétiquement comme une girouette. Il a tout prévu avec minutie pour cette fête. Il a contacté Julien le présentateur depuis plus d’un mois ! Ce dernier lui a assuré être présent la veille de l’élection de Miss Capucine. Ils devaient ajuster ensemble les détails logistiques. Le Maire enrage. Il entre dans une colère noire lorsqu’il entend la foule scander son nom. Il se rend à l’évidence : Julien ne viendra pas. Il va devoir improviser et le remplacer au micro. Sans se démoraliser, avec sa prestance habituelle il quitte son bureau et le voici face aux spectateurs. Les regards interrogateurs l’interpellent. Il s’adresse aux jeunes filles :
« Mesdemoiselles, Mesdames, Messieurs,
Je vous remercie de votre présence en ce jour particulier pour l’élection de Miss Capucine.
Chères Miss, vous êtes rayonnantes, vos robes soyeuses… mettent en valeur… vos sublimes beautés, vos escarpins vernis… sont … » Le maire balbutie. Il perd le fil de sa présentation. Il ne trouve pas ses mots. Ses mains deviennent moites. Il détourne le regard du public, observe au loin le podium. La journée de festivités est compromise ! L’évidence criante de l’échec prouve que l’enfer est pavé de bonnes intentions.
quelle effervescence dans ce village !
On s’y croirait !
C’est terrible, on voudrait l’aider! Tout le cadre est si bien décrit que je m’imaginais dans un épisode de Barnaby, sans le meutre…. Ouf 🙃
merci à @Ma Pie, @Babcia, @melanie chaine chaine pour vos commentaires sympathiques
N’est pas Julien qui veut! Un grand plaisir de lecture…
Et non ! Chacun ses points forts et … maillons faibles