Le vélo bleu
L’enfant n’est pas rentré. Le spectacle du soleil couchant qui transforme la prairie en univers d’incendie et de sang décuple l’inquiétude de la mère. Le goûter est resté sur un coin de la table. Tout est trop calme. Les bêtes sont rentrées. Il est dix-neuf heures et voici l’angélus qui tinte. Sur le seuil de la maison, tout en pensant au déroulement de la matinée, la mère scrute le bout du chemin, là où le vélo bleu tout neuf attaque le dernier virage.
Elle pensa :
“… tout semblait normal. Mais il avait pris rapidement son petit déjeuner dans un silence absolu, dérangé seulement par le tic-tac de la vieille horloge. Mon enfant joyeux et farceur avait fait place à un pré-adolescent sombre et préoccupé depuis son entrée en sixième il y a deux mois. Il passait des heures, enfermé dans sa chambre où seul son chien avait le droit d’entrer”.
Elle ne sent pas le froid mordant de ces soirées d’octobre. Elle est sortie bras nus. Elle ne voit pas les fleurs de son jardin dont elle est si fière, ni ce gros ballon rouge qui va disparaître derrière la colline. Rien ne peut la distraire de sa peur. Le crépuscule commence à engloutir la campagne. L’horloge sonne les huit coups de vingt heures et le clocher, comme un vieil ami, lui répond, tous deux indifférents aux difficultés de chacun.
“… Enfin je l’aperçois. Il n’a pas son vélo ! Il marche d’un pas vif, la tête baissée. Ses vêtements sont boueux et déchirés, ses cheveux en bataille ; mais il est là ! Sans me regarder, il file dans sa chambre, jette son cartable à terre. Et je l’entends pleurer. Demain, je lui parlerai”.
Le vélo bleu connaitra-t-il une suite? Je serais curieuse de suivre le portrait de ce pré-adolescent sombre et préoccupé.
Merci de m’avoir lu. Une suite ? peut-être … un jour … selon les défis.
Attendre demain, c’est vraiment courageux.
Beaucoup de suppositions pour la suite de votre histoire… je suis comme @Silkihouette : impatiente de lire un autre épisode 🙂