On ne sait pas ce qu’est le sens de la vie. Il n’est pas même certain qu’il y ait du sens à vouloir lui donner sens. Ici, c’est le serpent qui dévore le souriceau, et là, le chimpanzé qui console avec tendresse. Ailleurs, l’oiseau tombé du nid régale les fourmis, qui se feront tamanoir, et tous en pourrissant nourriront l’arbre, autre déguisement qu’elle se donne parfois. Elle échappe à notre intelligence rationnelle pour la simple raison que la raison est absurde ! L’humain n’est pas né pour penser, mais pour aimer.
La scène qu’il avait sous les yeux disait à l’enfant : “aime, ressens, éprouve, et même, peut-être… pardonne !” ; jamais elle ne lui dit : “comprends”. Le gamin qui l’instant d’avant rêvait, l’instant d’après, souffrait. Le même jour, un grand philosophe très savant écrivait quelque part que nous sommes créés et limités par notre rêverie. Plus encore, il voyait en elle les confins de notre être psychique. Le donneur de leçon faisait autorité, moins d’ailleurs par sa philosophie que par la magnificience de la poésie dont il savait l’entourer pour la mieux partager…
Mais le poète était loin, très loin du HLM de la rue des Anémones. Ce n’est que dix ans plus tard que, peut-être, l’enfant pourrait l’entendre. Pour l’heure, la sauvagerie casquée matraquait, matraquait, sous les yeux de l’innocent. Comprendre, expliquer, justifier ou condamner, rien, rien de tout cela n’était seulement accessible à la pensée du gamin. Quelque chose pourtant, quelque chose de minuscule qui surgissait des confins de son esprit lui apparut subitement par enchantement : et c’était un elfe !
Tout entourée d’un halo de poussières d’étoiles, dont la moindre plus lumineuse que le soleil, la petite créature magique semblait animée d’une force, d’une vivacité et d’une puissance telles !, que l’enfant, sans comprendre, ouvrit la fenêtre en grand et lui dit en criant : “Vas-y ! Vas-y ! Vas-y !”…

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