Dans la nuit douce de la petite citée médiévale, le clocher égrenait les heures. 

Les chats coupaient parfois les intervalles des cris de leurs combats, mais…cela n’était rien, rien comparativement aux bruits du silence.  

Les portes de la ville une fois fermées,  les  habitants  se calfeutraient dans leurs maisons pour  laisser aux absents l’aisance de déambuler dans les petites rues pavées sans autre bruit que le silence de leurs pas feutrés. 

Depuis toujours, les anciens croyaient que le respect envers les disparus était de leur laisser la place une fois la nuit venue. Les parents parlaient de traditions, les plus jeunes criaient à l’oppression et les petits, eux, regardaient au dehors pour essayer de voir, ce (ou ceux) qu’ils ne pouvaient entendre, mais dont on parlaient tant.

Souvent ils installaient une lampe-tempête sur le bord de la fenêtre et se hissant sur la pointe des pieds, cherchaient du regard une ombre, une silhouette, un mouvement nouveau… 

Parfois, quelques coups de vents faisaient voleter un journal ou quelques légers détritus qui prenaient alors forme de leur imaginaire.

Si toutefois, quelques visiteurs de passage venaient à s’installer dans l’une des auberges , il était de bon ton de les inviter à respecter la consigne. Pas de sortie une fois la cloche sonnée. 

Etait-ce par respect ou par peur? Toujours est-il que le calme régnait.

Dans cette petite bourgade, aux âmes vagabondes, pas un maire n’a cessé de dormir sur ses deux oreilles les nuits durant.  Chaque maire est réélu par tacite reconduction… jusqu’à… jusqu’à ce qu’il ne se réveille plus. Ou plutôt si, mais uniquement la nuit, pour errer lui aussi, dans les ruelles calmes de sa douce cité.

7
0
L'auteur-trice aimerait avoir votre avis, veuillez laisser un commentaire.x