Aux yeux de nombre de ses connaissances il passerait peut-être pour un crétin, peu lui importait maintenant. La sottise, que dire la faute, avait été de ne pas prendre conscience plus tôt que le chemin pris n’était pas le bon. Quitter le pouvoir, descendre du piédestal où il s’était retrouvé de fait mais non pas contre sa volonté, quitter les chasubles brodés, Paul aspirait à renouer avec simplicité et vérité dans son engagement religieux. Il lui semblait retrouver depuis peu une lucidité qu’il avait perdue insidieusement au fil des années et du tourbillon des engagements successifs. Il aspirait à parler vrai, sans langue de buis, sans faux-semblant, sans compromission avec des valeurs qu’il peinait à partager. Il rangea soigneusement les ornements liturgiques dans l’armoire de la sacristie, puis sans un regard pour la vitrine contenant de très anciens camails de soie ornementés, vestiges d’un temps révolu qu’il ne regrettait pas, il quitta la cathédrale alors même que le jacquemart sonnait six heures. Il lui sembla que l’automate symbolisant le temps lui faisait signe de se hâter, de voler vers l’avenir qu’il venait de choisir. En franchissant le porche il eut l’impression d’aspirer pour la première fois depuis longtemps un air vivifiant, il se mit à sourire et se dirigea le cœur enfin léger vers le barbecue que ses amis avaient décidé d’organiser à l’annonce de son départ de sa fonction d’évêque.

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