Roto, du haut de ses douze ans, adorait le confinement. D’abord parce que l’école et ses galères s’étaient éloignées de lui, ne faisant plus qu’un bruit de fond dans son ordinateur lors de visio-cours qu’il s’empressait de couper rapidement sous le fallacieux prétexte d’une mauvaise connexion. Sa vie tournait désormais autour de la découverte des merveilles planquées dans le grenier immense de ses grands-parents. Sa mère était ravie qu’il ait trouvé une occupation à lui plaire afin qu’elle-même télétravaille en toute tranquillité. L’accord maternel étant ainsi acquis, il passait le plus clair de son temps dans la longère voisine des aînés, aidait un peu au ménage, jouait aux échecs avec le papi et au scrabble avec la mamie, puis s’escamotait dès que possible pour arpenter les combles de la maison.
Aujourd’hui il venait de découvrir un antique projecteur et quelques bobines super-8 d’une époque préhistorique pour un ado du 21ème siècle. Miracle, le matériel endormi depuis cinquante ans n’attendait que lui pour révéler son potentiel. Le vieux film de famille, qu’il chargea avec quelques tâtonnements et beaucoup de précautions, délivra bientôt une savoureuse tranche de vie de ses ancêtres. On y voyait le papi et la mamie, jeunes et alertes, parcourant la montagne de Lushell avec quelques amis et une palanquée de gamins. Pendant que quelques-uns semaient la pagaille dans une fourmilière en s’esclaffant bruyamment, d’autres entreprenaient de monter en altitude pour tenter de photographier mouflons ou marmottes. Roto s’amusait à tenter de reconnaitre ses oncles et tantes parmi les enfants, hésitant souvent, rigolant parfois devant leurs facéties, les sentant proches de lui comme jamais. Un visage inconnu dans lequel il se voyait beaucoup de ressemblances l’interrogeait particulièrement. Qui était donc ce jeune garçon d’une douzaine d’années qui caracolait en tête de la troupe ?
J’aime! @Angelune, je vous admire de tant d’imagination poétique. Je n’arrive toujours pas à “plonger”, me lancer dans les AlgoLogismes, un certain état d’esprit peut-être trop cartésien (?) prend le dessus chez moi lorsque j’essaie. Alors, lorsque je vous lis, la fantaisie s’ouvre à moi.
Et puis, il m’est bien sympathique, ce petit Roto. J’ai détesté le confinement d’il y a trois ans mais à l’âge de ce jeune garçon – et je pourrais même dire durant toute ma scolarité – j’aurais bien apprécié d’être confinée pour échapper au carcan scolaire et à ses violences psychologiques et physiques. Oui, là, je me lâche!
Votre écrit pour moi a des saveurs d’enfance retrouvée, partagée entre Bretagne (la longère) et Alpes. Toute l’atmosphère et la magie de chez mes grands-parents, aussi.
Un grand merci.
J’aime beaucoup le caractère faussement naïf (ma lecture) de ce texte et suis impatient de la suite…
Beaucoup de souvenirs reviennent à la surface en lisant ce texte magnifiquement écrit. Merci de m’avoir permis de me rappeler……de ce temps lointain pour moi. 😉