AlgoZimage du 24 juin 2023

J’avais enfin trouvé ma voie, du moins le pensais-je. J’ai effleuré la gloire, je suis devenu l’ Ami du Peuple, moi Marat. Les idées bouillonnaient dans ma tête, je remplissais feuille après feuille pour ne rien oublier. Pas un instant de repos, il me fallait tout noter, tout écrire. De longs discours en petite note, et des lettres toujours des lettres. de l’ Assemblée en Comités de Salut Public, de réunion en réunion, long discours ou phrases assassines. Je défendais, j’argumentais, tapais du poing parfois, discutais, bataillais, le verbe haut, .les effets de manchettes calculés. J’aimais cela, j’éprouvais une certaine jubilation, moi le touche-à-tout, étais-je devenu le chantre génial de cette révolution. Je me plais à la croire. Je n’avais pas réussi dans mes précédentes carrières, mais celle-ci était la bonne. J’avais pris le goût au pouvoir, celui du sang aussi. Le mépris dont je fus l’objet c’était mué en haine farouche et je donnais ordre de tuer, que j’aimais la guillotine qui oeuvrait à la destruction de cette noblesse. J’aime la reconnaissance du peuple, et la haine que j’inspire à certains aussi. Jusqu’à ce que la maladie me frappe, à moins que ce soit la justice divine ! Plutôt drôle, non !
Mais pourquoi cette femme est-elle venue ? Pourquoi l’ais-je cru ? Un complot contre la république ?  En cet instant, au moment où j’étais le plus vulnérable, J’étais tranquille dans mon bain, comme toujours j’écrivais, j’étais bien. Soudain la douleur, le drap qui se teinte de rouge, je ne comprends pas, je crie sans doute, un seul coup, le sang coule, je sombre lentement dans la mort.
Je souris, mon visage est presque devenu enfantin, je m’endors. Décidément même dans ma dernière carrière je n’ai pas totalement réussi !