Ou baiser Lucifer,
ou baiser le climat ?
Une fille de joie, accueillant un fakir,
Pour entrer en matière imposa sans manière
De ne, qu’avec les yeux, toucher à son derrière.
Le pèlerin, serein, se préparait à jouir
Sans même s’ébranler de ce défi qui fût,
Pour un banal humain, une injonction néfaste
A l’éjaculation, source de toute caste !
La nature fit œuvre et, satisfait il fut.
C’est ainsi que l’on traite aujourd’hui le climat,
Sans trop apercevoir s’il est fille de joie,
Ou montreur d’un chemin ouvrant sur l’au-delà.
Le problème qu’on a quand il s’agit de… çà !,
C’est peut-être qu’on va, en poursuivant la voie,
Ou baiser Lucifer, ou rester en deçà…
Bonjour, j’ai ce matin une question bête qui me titille : est-il possible, Guillaume @Guillaume du Vabre ( @algo ), que vos sonnets si percutants et … si fréquents soient générés par de l’IA ???
Pour ma part j’aime beaucoup cette forme et vos textes, mais quand l’inspiration me vient, il me faut bien une bonne semaine pour en peaufiner un !
Comme beaucoup de propositions ici sont algo, je découvre et donc questionne !
Bonne journée !
Question bête ? Mais non, voyons… (sourire)
En gros, vous me demandez si j’ai triché ? S’il est possible qu’un être humain écrive deux poèmes par jour, sans mobiliser une IA ?
Eh bien non, je n’utilise pas d’IA, et oui, c’est possible d’écrire deux poèmes par jour, et même davantage probablement…
(Moi, je n’écris que trois ou quatre heures par jour…)
Cela dit, votre question est très intéressante et je vais tâcher d’y répondre plus sérieusement (je vous taquine, du fait de sa formulation un peu… ambigüe).
Alors, d’abord sur ma (en réalité “la”) capacité (de quiconque) à “produire” de la poésie “en série”, je crois pouvoir invoquer trois facteurs (principaux) :
1 – J’écris depuis plus d’un demi siècle ; l’expérience, ça aide…
2 – J’intellectualise “tout” depuis ma naissance (probablement une sorte de trouble du spectre autistique, comme on dit aujourd’hui… ; à l’époque, on diagnostiquait moins) ; mais cette intellectualisation spontanée, obligatoire pour moi, m’a conduit à me passionner pour l’innovation jusqu’au point d’y consacrer dix années de recherches (dont les cinq premières dans un contexte universitaire de laboratoire de recherches). Il en résulte que je ne peux nier de “posséder” notamment les outils de “la panoplie de l’ingénieur pour l’innovation”.
Autrement dit, il est certain, que même – éventuellement – inconsciemment, je crée davantage comme une IA que comme un vrai poète. D’ailleurs, je questionne moi-même souvent publiquement (dans mes présentations de textes) leur qualité poétique. (Je l’ai fait implicitement dans la présentation du texte ci-dessus !).
J’ai beaucoup lu, évidemment, et suis capable de comparer mes poèmes à ceux des “grands”… Mais aussi de les comparer entre-eux, tant à la fois les registres et les manières dans lesquels ils se déploient semblent larges et multiples. On m’a critiqué (ailleurs) en disant de moi : “toutes les personnalités de Guillaume” ! (Vous imaginez que l’intention n’était pas vraiment bienveillante, mais l’argument était bon !).
3 – Enfin, et c’est plus banal, pardonnez-moi, je suis passionné par l’écriture. Ecrire, c’est comme respirer pour moi. Pourriez-vous vivre sans respirer ? Et ne nous faut-il pas respirer chaque jour ? Chaque seconde même, si possible !?
Maintenant, sur la capacité [actuelle] de l’IA à créer de la poésie (question que vous n’avez pas posée, j’en conviens, mais qui justement me semble ici fondamentale…), je ne peux que donner une opinion, n’étant pas engagé scientifiquement dans cette “révolution de l’IA”.
1 – Selon donc mon expérience récente (quelques mois en arrière), aucun IA ne peut aujourd’hui écrire un poème. Mais soyons prudent : les choses en la matière vont tellement vite (et je m’en occupe si peu) que tout a pu changer la semaine dernière sans que j’en sois informé ! (re-sourire)
Moi, j’avais testé “Verse by verse” de Google ; j’en avais parlé ici, sur l’Algo -> https://algomuse.fr/poesie-experimentale-creee-avec-une-ia/
De mon point de vue, le résultat n’était pas concluant. Mais Google était pionnier (encore…). Les choses ont pu évoluer et en tout cas elles évolueront rapidement…
Donc…
2 – Oui, les IA’s créeront de la poésie, de la vraie poésie ! De la poésie… humaine ! Tout aussi géniale que celle de Rimbaud, de Victor Hugo, de Baudelaire, de Guillaume du Vabre ! Imaginez… Guillaume du Vabre lui-même, surpassé par une IA ! (re-re-sourire…)
Maintenant, où est (pourrait être) le problème ? L’invention de l’imprimerie nous a-t-elle empêché d’écrire ? Ou l’inverse ?
Le problème est simplement que l’homme résiste à toute innovation, tout changement (le fameux besoin de sécurité…). Rien de plus normal en réalité.
Selon moi, nous ne devons pas craindre l’IA, mais nous devons l’apprivoiser et définitivement la contrôler !
Toute technologie est une entité ; elle a donc vocation à devenir “un être”. Dans les “êtres”, sont aussi “les monstres”… (Pensez aux technologies qui ont permis l’exploitation des énergies fossiles…)
Enfin et pour conclure sur une note un peu plus optimiste : avant qu’une IA puisse créer un poème comme celui-ci (là, celui-là, juste au dessus…), il faudra d’abord qu’elle accède à quelques “subtilités”, comme par exemple de faire rimer “fut” avec “fût”, de combiner “baiser le climat” avec “baiser Lucifer” (et Rabelais, accessoirement !), “se branler” en “s’ébranlant”, la réduction du phénomène social de “caste” à l’éjaculation (!), et peut-être aussi, encore plus difficile pour elle (l’IA), accéder à ce pouvoir sublime que possède le poète de tout faire basculer d’une strophe à l’autre (ici, de la deuxième à la troisième), changer de plan, d’univers, de monde !
Et vous savez quoi !? Je n’ai pas encore commencé de parler de ce qui lui sera le plus difficile à acquérir ! (Comme aux auteurs humains, d’ailleurs…) : l’art de la ponctuation !!
Arf ! Vous voyez, même nous, les “petits poètes amateurs”, nous devrons encore peiner longtemps avant que l’IA ne puisse nous venir en aide, hélas…
Bien amicalement,
Guillaume
PS : je vous recommande aussi de lire la présentation d’Athéna (c’est une IA !…) sur l’Ago -> https://algomuse.fr/membres/athena/
Je lui avais fait créer quelques textes, mais je ne les retrouve plus… (notre moteur de recherche est nul ! encore du boulot pour moi…)
Merci, grand merci … pour votre message en réponse à ma question “bête”. Je suis désolée et ravie à la fois.
Oui ma question était bête dans les deux cas qu’elle envisageait.
Soit vous étiez un virtuose de l’IA, alors je n’avais rien compris au site, (oui j’ai cru cela possible) et si chacun avait été au courant -sauf moi- de cette nouvelle approche de la poésie alors je me devais de vous poser la question pour être en phase. Vous voyez, aucune malice de ma part et je suis désolée de ma bévue.
Soit je me fourvoyais complètement dans mes élucubrations imaginaires et vous étiez bel et bien cet étonnant écrivain prolifique et incisif que je lis avec surprise et admiration, ce qui est, et là j’en suis ravie.
Oui, fallait-il que je sois sotte pour ne pas reconnaître que nous ne sommes pas égaux devant le talent et que pendant que je turbine durant une semaine sur un sonnet, vous, vous en écrivez une bonne vingtaine, voire davantage. Respect !
Je découvre votre site et en même temps je découvre des algo-images générées par le site, toutes les propositions d’écriture y sont algo-quelque-chose et … vous en êtes aussi le directeur @Guillaume du Vabre ( @algo ) !
Cela faisait beaucoup dans ma tête et plein d’algo-tourbillons se sont mis à voleter !
J’adore le site, et figurez vous que j’aurais volontiers fonctionné avec des poèmes ovnis à condition que l’on m’expliquât comment les “façonner”.
En plus j’ai réellement lu qu’il existait une manière GPT de créer des sonnets.
Je crois que j’aurais bien aimé expérimenter cela, sans renier les bons vieux crayons et claviers. Peut-être un jour …
Je suis d’accord pour dire que toute innovation ouvre à création.
Moi aussi j’ai fonctionné dix ans en recherche dans un laboratoire littéraire sur l’apprentissage de la lecture/écriture avec la poésie. Et bien l’approche préférée et approfondie de notre maître de conf. c’était la ponctuation !
Je ne sais pas en effet si poet GPT serait performant avec nos signes expressifs, nos sauts de page et nos blancs chargés de sens et de silences.
Cette recherche d’installation du texte poétique dans la page est pour moi fascinante à mon “tout petit niveau amateur” et d’ailleurs je veux bien continuer de peiner !
j’espère que vous ne m’en voudrez pas d’avoir été bien bête.
Bien à vous,
Mélina
Vous en vouloir ? Bien au contraire : je vous suis sincèrement reconnaissant de m’avoir amené à réfléchir sur ma pratique !
Et puis… cette brassée de compliments ! Me voici comblé (et tout rouge !).
Remarquez, je ne l’ai pas volée, hein ? (sourire)
Mais vous, pour le coup, vous nous avez volé un sonnet hier soir ! (re-sourire)
Je ne vous promets pas d’être toujours aussi exhaustif dans mes réponses 😉
Bien amicalement,
PS : je suis ravi de mon côté de votre enthousiasme pour l’Algo.
Oui, oui, je m’y mets … au sonnet ! sur une de vos images récentes, et je vais essayer de battre mon timing habituel !
Bonne journée, amitiés poétiques,
Mélina