Apprenti de passage
Boris répétait sans cesse « Mais quelle galère, quelle galère » chaque fois qu’il rencontrait une difficulté : soit sa sauce était trop salée, sa viande trop cuite, sa pâte à chou trop molle pour être fourrée de crème pâtissière. « Dans quelle galère, je me suis encore fourré » disait-il alors. Il aurait voulu tout savoir ou tout réussir du premier coup. Il aurait voulu que l’on puisse dire de lui : « Pour un coup d’essai, c’est un coup de maître ! » Après coup, il s’autocritiquait et se décourageait.
A coup sûr, ce stage de cuisine avec un grand chef étoilé avait été une vraie opportunité pour moi et pour les autres élèves de ma promotion qui avaient été sélectionnés à l’école. Alors oui, je me faisais discret dans mon coin, toute concentrée que j’étais sur le pétrissage de ma pâte, suivant les règles de l’art qui nous étaient transmises. Puis je la badigeonnais avec du jaune d’œuf pour qu’elle ressorte du four bien dorée et appétissante.
Boris étirait sa pâte sur le plan de travail contigu du mien, tout en continuant à ronchonner mais je ne l’écoutais plus trop absorbée, le nez dans ma préparation
Puis vint l’heure des dégustations de nos choux par le Maître Pâtissier. Quand Boris ouvrit sa cloche, le Chef s’écria « Magnifique présentation ! C’est très original !»
Le chou à la crème de Boris émergeait au centre d’une grosse pomme granny en partie évidée, présentée sur un lit de sa chair compotée !
Ainsi d’une maladresse, Boris en avait fait une trouvaille
« Oui, jeune homme, pour un coup d’essai, c’est un coup de Maître ! »
La leçon à retenir est de ne jamais lâcher, d’aller jusqu’au bout