L’autorité du poulpe n’était plus à prouver. Une fois de plus, en ce premier janvier de l’année, la tique lovée dans la musaraigne suivait le frelon qui volait fébrilement vers l’océan. Allait-il les recevoir ce seigneur de l’eau ? Avait-il changé d’adresse ? Qu’allait-ils leur annoncer ? La tique, elle hésitait à se regorger de sang par crainte de fatiguer sa monture… Mais la faim la tiraillait. La musaraigne se plaignait de la vitesse choisie par l’insecte ailé. Bref trois grognons en route vers la sagesse et les prévisions du respecté multibras. 

Ah si j’avais tous ses membres à disposition, s’exclama la tique, je parcourerais tous les océans au lieu de végéter sur des petits corps que je connais si vite par coeur !

Moi si j’avais sa grâce je donnerais des spectacles tous les soirs au clair de lune, dansant des tango avec de beaux coquillages, répondit la musaraigne. 

Perso je n’échangerais pas mes ailes pour ses membres et l’air pour l’eau ! Je suis léger depuis que j’ai suivi le programme WeightWatchersForInsects ! Je me déplace si vite, je suis crains et je peux voir tant de paysages différents !

Et attention Frelon ! Je ne peux pas traverser cette rivière si mouvementée. Où y-a-t-il un pont ? Et toi Tique arrête de manger, tu es assez rebondie !

Le pont trouvé ce fut l’autoroute à traverser qui posa problème. Enfin les voilà à quelques mètres de l’eau salée, la musaraigne éreintée, le frelon tout excité et la tique avachie ayant trop mangé.

Je l’aperçois dit le frelon

Fait lui signe dit la musaraigne

On y est déjà ? répondit la tique en baillant

Parle pour toi, dit la musaraigne. Je suis crevée.

Une vague facétieuse vint lécher les pieds de la musaraigne et le frelon s’envola plus haut juste à temps.

Bon, ne traînons pas dit la musaraigne, la marée va monter. Pose ta question Tique ?

Ma, ma question répondit le Tique pas encore bien réveillé.

Oui ta question. Allez ! lança le Frelon.

Est-ce que je suis toujours allergique au sang humain ? cria la tique afin que le poulpe qui s’était rapproché de la surface de l’eau l’entende. J’en ai marre des animaux à poils, je rêve de peau lisse.

Glou, glou, glou murmura le Poulpe afin de continuer à être incompréhensible et garder son pouvoir.

Ah non s’exclamèrent les trois compères ! Parle comme nous ! Nous ne sommes pas des poissons.

Mais le Poulpe dédaigneux s’enfonça dans les profondeurs marines tandis que les trois animaux repartaient sans entrain vers le train train de leur vie habituelle.

2
0
L'auteur-trice aimerait avoir votre avis, veuillez laisser un commentaire.x