ça devait finir comme ça… avait dit Baudelaire
– … dans les clapotements furieux des marées, compléta Rimbaud

Ivre comme un bateau balloté par les vagues, l’homme longeait sinueusement la plage, trébuchant par moment sans autre explication que sa vue troublée, que son moral liquéfié. Le monde était aqueux, fruit de ses larmes salées qui remplissaient la mer jusqu’à la faire déborder. Mouettes et sternes s’étaient tues, figées comme empaillées sur le sable mouillé.

Depuis deux jours le soleil n’avait pas paru, oublieux de se lever, fâché sans doute de la présence persistance des couches nuageuses qui masquaient continuellement son éclat. A quoi bon, pour qui briller ?
Il n’est pas sérieux d’interrompre ainsi le cours des choses, se dit alors l’astre fatigué, secoue-toi, sors de cette couette grisâtre qui plombe le monde.

Un timide rayon parcourut la frange d’écume, en révéla la blancheur. Le pinceau céleste dessina des reflets irisés puis alluma des étoiles dans le sable trempé. L’homme s’arrêta, le temps suspendu, les yeux dessillés aux fontaines taries, à ses pieds un improbable objet ruisselait de lumière. Il le cueillit comme on cueille un secret. Au creux de son oreille le coquillage de nacre rosée révéla… des mots qui troublent seuls le vol des heures lentes.

L’homme releva la tête, rendit grâce au soleil, sourit enfin aux oiseaux qui dansaient dans l’aube ressuscitée de la nouvelle année.

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