AlgoZimage du 26 février 2024

Cette gravure, c’est moi qui l’ai choisie. Elle figure page 142 de l’ouvrage”Vingt énigmes policières résolues.” J’avais été contacté, en tant que commissaire de police à la retraite . On m’avait demandé si j’acceptais de relater l’une de mes plus curieuses enquêtes: celle du prétendu suicide de la rue d’Italie, à Chambéry.
Après un constat de suicide la police intervient.On me chargea de me rendre, pour l’enquête, rue d’Italie.La femme de ménage n’avait pas pu pénétrer dans l’appartement du troisième étage qu’elle devait nettoyer. Un serrurier ouvrit facilement la porte principale . Le propriétaire, un notaire connu, ne répondit pas aux appels..La porte de la chambre résistait . Sans doute à cause d’un cadenas tiré, à l’intérieur. C’est alors que j’intervins avec mes hommes. Ils réussirent à enfoncer la porte. En face sur le lit gisait un homme mort , un pistolet à la main. Sur son bureau, il avait déposé une lettre. Le suicide semblait certain. Il était seul dans sa chambre fermée à clé avec en plus la sûreté d’un double verrou tiré.Pas d’autres portes, fenêtres fermées. Une équipe de spécialistes sonda murs , plancher, plafond. Rien , pas de trappe secrète.
Un détail me tracassait pourtant: dans sa lettre, l’homme atteint d’une maladie incurable, ruiné par des placements hasardeux déclarait: “j’ veux en finir avec cette existence insuportable”
Cette faute d’orthographe, le style maladroit de sa lettre collait mal au personnage qui je l’appris était membre de deux sociétés savantes de la ville.
Mais cela ne constituait pas une preuve suffisante pour pousser plus loin l’enquête. La thèse du suicide fut acceptée.
L’affaire rebondit l’année suivante: l’appartement reloué fut victime d’un dégât des eaux dû à la salle de bain de l”appartement du dessus. Le placard de la chambre fut inondé et l’artisan chargé des réparations constata que le fond dissimulait une porte coulissante permettant un d’accéder à l’appartement contigu, de l’autre côté du mur de la chambre .
Je revins sur place et j’appris assez vite que la porte secrète donnait sur une pièce qui servait d’entrepôt à l’antiquaire, une femme d’une trentaine d’années, ayant son magasin au rez-de-chaussée. La femme passa assez vite aux aveux: oui elle était la maîtresse du notaire, mais ayant un mari très jaloux elle avait désiré que la discrétion soit absolue: pas de lettres, de téléphone, de mail.C’est elle qui avait demandé à un menuisier de grand talent (malheureusement décédé peu après les travaux) de réaliser ce passage secret. Le jour et l’heure convenus (le notaire se contentait d’entrer en curieux dans la boutique et de discuter une minute) elle montait dans l’entrepôt, donnait trois coups contre la paroi et le notaire dégageait le placard.
Je ne vais pas tout vous raconter, Le récit complet est toujours disponible dans les bonnes librairies. Sachez que les relations entre eux se détériorèrent: l’homme voulait la quitter. Elle se procura l’arme du notaire, le fit passer de vie à trépas et maquilla ce crime en suicide. C’est très mal.
Elle purge toujours sa peine dans la prison de Chambéry.