Générés par quarante paires de petites mains enthousiastes les applaudissements faisaient un bruit d’averse dont l’onde bienfaisante rafraichissait Rosine plantée sous le cagnard atypique de ce mois de mai. Depuis l’ouverture elle enchaînait les représentations avec quelques courtes pauses techniques. Le soleil avait tourné en cette fin d’après-midi et désormais, en véritable spot de compétition, il concentrait ses rayons sur la scène et faisait presque fumer le décor ! Sa belle robe au rouge éclatant allait faire les frais de cette surexposition solaire et virer au rose délavé, un vrai désastre. Les autres comédiens, soumis aux mêmes contingences matérielles, n’auraient rien à dire, comme elle. Subir était leur lot quotidien, aucun syndicat ne voulait défendre ces intermittents du spectacle. Rosine leva les yeux au ciel et contempla son dieu. Il tenait en ses mains les fils de sa vie. Elle l’adorait ! L’astre déclinant faisait resplendir les lettres dorées de son habit : Grand Théâtre de Marionnettes du Parc.

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