Au commencement était la confiance. Puis vint la méfiance, elle-même suivie par la défiance. La trahison quant à elle n’allait pas tarder à pointer le bout de son nez lorsque c’est finalement plutôt la vengeance que je choisis pour exercer mon art. Armée de toute la rancune nécessaire, parée de la jalousie suffisante pour aller jusqu’au bout et bien décidée à ce que l’on se souvienne à jamais de l’offense que l’on m’avait faite, je décidai de préparer mon plan. Oh, j’aurais pu tout simplement décider que cela n’en valait pas la peine, que celui qui venait de me tromper ne méritait pas que je m’attarde aussi longtemps sur son cas, mais mon machiavélisme en aurait été frustré et ma haine non rassasiée m’aurait brulée de l’intérieur. J’allais donc m’installer tranquillement pour réfléchir à mon projet de destruction, bien décidée à prendre mon temps. Nourrie de colère et d’imagination j’allais m’adonner à un de mes loisirs préféré : la rumination. Quel bonheur de repasser, ressasser, revivre, réécrire les dialogues d’une vie à deux, persuadée d’avoir raison sur toutes les lignes de notre histoire. Furieuse et ravie, j’allais lire la biographie de notre échec, la corriger, la défaire, la refaire, la dédicacer à mon orgueil…
Et puis quand mon esprit tout à coup me soufflera que j’en ai trop fait, qu’aucun être au monde ne mérite qu’on lui accorde une telle attention, lorsque mes amis me diront délicatement de cesser de remplir ma vie du passé, lorsque j’aurai la sensation de faire malheureusement le vide autour de moi, je m’endormirai et mon plan ne verra jamais le jour. Et dans mes rêves indiscrets je m’enfuirai vers une nouvelle aventure, prête à faire confiance à nouveau, à me méfier aussi lorsque j’aurai quelques doutes, à me défier…à trahir….à me venger encore !
Voilà un texte sans fin 😉 un vrai plaisir, puisqu’il finit en recommençant le processus . Bravo!
C’est très bien vu ce cercle orgueilleux; originalité dans la composition du texte.