Ce matin de bonne heure, Claudine et sa fille Rosie sont parties cueillir des Lisarn. Chaussées de leurs nouvelles basquettes confortables mère et fille grimpent allègrement sur le sentier caillouteux en direction du sommet de la colline. Le parfum délicat des herbes fleuries et des plantes sauvages chatouille délicieusement leurs narines. Après une heure de marche, le souffle court, elles s’arrêtent sur la plateforme du mirador. Elles entendent alors le bêlement d’un jeune agneau près de la bergerie de Raoul. « Ce dernier a dû l’oublier lorsqu’ il a rentré ses brebis hier soir » se disent-elles. En ce moment, il est tellement occupé à réparer son toit avec marteau, enclume, équerre, pince, cloueuse, agrafeuse, ruban à mesurer, cordeau qu’il en oublie ses bêtes ! Claudine et Rosie reprennent le chemin en se promettant qu’une fois leurs seaux remplis de lisarns, elles s’arrêteront pour rentrer le petit animal. Rosie salive déjà à l’image du gros chaudron de cuivre dans lequel sa maman fera cuire les baies sucrées. Elle saute comme un cabri pour atteindre les kykis de lisarns au plus vite. Grâce au peigne de cueillette adapté, les deux seaux débordent vite de fruits murs. Claudine et Rosie, visages rayonnants, dévalent la pente au pas de course, dévient leur chemin pour s’occuper du petit agneau et croisent même l’allumeuse du bar lors de son jogging matinal. Quand elles arrivent à la maison, mère et fille lancent leurs chaussures dans l’entrée dans un rire communicatif. Elles déposent les récipients sur la table, se frottent les mains de bonheur, passent les lisarns sous l’eau mesurent la quantité de sucre nécessaire à la confiture. Claudine remue doucement les ingrédients dans le chaudron avec une grande cuillère et bois. Un parfum agréable envahit la maison. Rosie s’approche avec un morceau de pain et quémande une lichette du liquide noir acidulé à sa maman : incapable de refuser !

6
0
L'auteur-trice aimerait avoir votre avis, veuillez laisser un commentaire.x