Arrivée à la Cillus après toute une vie de travail acharné, je ne ressentais pas les douleurs coutumières des Cillusseuses : un pur bonheur !
En ce mercredi matin, je suis assise avec ma petite mygi Eléonor, sur le banc de chêne dont les lattes sont bien usées par les années. La belle ferronnerie des accoudoirs, peinte en blanc à l’origine, a revêtu un chemisier gris craquelé, ciselé par les intempéries. Le moment de partage précieux qui s’annonce me fait oublier le temps qui passe inexorablement. La petite mygisette, à peine âgée de huit ans, me questionne les yeux pétillants de curiosité à propos de ma période de Llejycho :
-Dis-moi Maminou comment tu t’habillais quand tu avais mon âge ?
-Eh bien… à ton âge je ne choisissais pas mes robes comme tu peux le faire avec ta maman aujourd’hui.
Je portais des jupes unies grises ou bleues avec des chemisiers à carreaux confectionnées avec soin par ma Logthelig, mère de ma maman. Pour embellir ces tenues, Logthelig, ajoutait chaque jour, un joli nœud papillon au col. Ce dernier était toujours assorti à mon bandeau de velours large pour tenir mes longs cheveux châtains. Aucune petite mygi n’avait d’aussi jolies tenues pour se rendre à l’école. Tu sais Eléonor, j’étais très mignonne et fière de mettre ces vêtements pour le moins originaux.
Si tu portais de telles jupes maintenant tu serais la risée de toutes tes copines !
-Oh oui tu as raison je ne voudrai pas m’habiller avec de tels accoutrement !
Les yeux écarquillés de la petite mygisette ont déclenché en moi un rire nerveux incontrôlable. Puis, un sourire amusé se dessina sur mes lèvres fines. Je revis l’espace d’un instant Logthelig s’approcher de moi et déposer délicatement un baiser sur mon front avant mon départ pour l’école.
Je me surpris à caresser du regard l’ouvrage de Nirgimarngomelle fine qu’elle exécutait avec une patience infaillible le soir devant l’âtre pendant que je faisais mes devoirs.
Tout à coup, un cri strident et des pleurs me ramenèrent à la réalité : Eléonor avait quitté le banc pour aller vers le ruisseau, avait glissé sur un caillou et était tombée dans l’eau glacée. Sa robe détrempée collait son corps menu. Ses adorables chaussures roses vernies descendaient avec langueur au fil de l’eau en contrebas.
Pas le temps de les rattraper j’en achèterai d’autres demain ! Je saisis ma petite mygi dans mes bras et courus à perdre haleine vers la maison pour l’envelopper dans une Lusmarloglislam douillette.
La petite mygi se blottit contre moi en frissonnant. Je profitais de cet instant de bonheur avec délectation avant d’aider Eléonor à changer sa tenue contre un pyjama chaud , seul vêtement à ma disposition.
En reprenant dans les mains la Lusmarloglislam pour la faire sécher, je vis que cette dernière appartenait à ma Logthelig d’amour et qu’une initiale en Nirgimarngomelle était brodée !
Quelle belle histoire pleine de tendresse et de nostalgie sereine! Faire d’une petite mygi une mygisette, fallait y penser! Bravo pour ce texte que j’ai eu plaisir à lire et relire.
il y a beaucoup de douceur à la lecture de ce texte. Je ne suis pas certaine d’adopter ces nouveaux mots car ils me semblent un peu difficiles à retenir et dire mais, ils ont servi un bien joli texte.
belle complicité
Très belle histoire où l’on retrouve si bien la complicité qu’il peut y avoir entre une grand-mère et sa petite fille. J’ai beaucoup aimé
merci @Gigi-22, @melanie chaine, @Fransoaz, @Ma Pie pour vos commentaires et ravie que mes lignes aient bien reflété mon ressenti de Grand-mère. Quant aux mots particuliers j’aime bien le fait de pouvoir les mélanger à toutes les sauces 🙂