Irrespectueusement vôtre
– Où derrière l’amas des ombres léthargiques,
Je veux te libérer, superbe et impudique,
Je crierai mon amour dans tes grandes esgourdes
Afin qu’à mon désir tu ne sois jamais sourde !
– Toi qui sais tout, grand roi des choses souterraines,
Ne vois-tu pas enfin que je veux être reine
Mais où donc allons-nous ? Quelle est donc la conquête
Qui nous mène si loin. Partons-nous en goguette ?
– Comment ! sacrifier une fête superbe,
Dans la vaste forêt, nous roulerons dans l’herbe,
Loriots et pinsons battent des trilles prestes,
Il est temps de s’aimer, chère petite peste.
– La grande majesté de la Nuit qui murmure
Nous entraîne en secret dans un cercle impur
C’est au même tombeau que va toute la foule
Prends garde, marche droit, je vois que tu es saoule
– Que j’aime à vous revoir, forêts de Lotbinière,
Que j’arpentais enfant. C’était tout juste hier.
La brume printanière au plus profond des bois
S’élève encor vers vous une dernière fois ;
– J’ai vague souvenir d’une vieille sorcière
Qui venait, suspendant sa course aventurière.
Si j’ai prié le Ciel de me les révéler
Tous ses poisons secrets : c’est pour te les donner.
Quelle virtuosité ! Et l’humour en prime !