Dans sa cabine, le capitaine ouvre son carnet de bord et songe “Pense d’abord à ce qu’il te faut faire, puis mets-toi à la besogne”. Tous les jours, c’est une obligation, il faut écrire toutes les actions positives ou négatives de la vie à bord de son navire.

Le stylo dans la bouche, il réfléchit. Ce matin, mer calme, vent modéré Sud-Est. La journée s’annonce agréable.

Aucun commentaire désagréable des passagers. Le nouveau en cuisine se débrouille comme un chef et ne se plaint pas d’avoir du pain sur la planche.

Petit bémol quand même. Un des matelot a oublié sa prescription médicale à terre et le docteur ne veut pas lui délivrer son médicament. Mais, cette situation sera réglée dans quelques heures. Le médecin a été contacté et nous faxe le document très rapidement.

Satisfait, il s’en retourne auprès de son équipage.

Il est 12 heures 30.
– Rien à signaler ? Demande t’il au second.
– Non, Capitaine Biscotte. Aucun message radio inquiétant.
– Parfait, je vais pouvoir préparer la soirée consacrée, selon la tradition, au bal donné en mon honneur.

Biscotte est un homme heureux. Il navigue maintenant depuis plus de dix années sur « Les Flots Bleus ». Il a de l’affection pour ses matelots. Loin de chez lui, ils sont sa famille de coeur. Unis ensemble contre vents et marées.

Il est 13 heures 30.

Il est temps, pour lui, de se rendre en cuisine.
– Tout va bien, ici. Le repas se prépare ?

Ratatouille, le visage en sueur, lui répond avec une mimique moqueuse.
– Nous sommes tous sur le pont, mon Capitaine.

Un vrai pitre ce jeune chef. Biscotte apprécie l’humeur joyeuse qu’il transmet à sa brigade.

Rassuré, il prend la direction de la salle de réception. Tout le personnel est mobilisé pour la mise en place des tables et de la décoration. L’orchestre accorde son ultime répétition, tandis que la chanteuse éclaircie sa voix.

Il est 16 heures.

De retour dans sa cabine, Biscotte se prépare pour la soirée. Tenue correcte exigée pour les passagers. Chacun d’eux sera reçu à l’entrée de la salle par le Capitaine, qui lui-même, se prêtera au jeu de la photo souvenir. Une loterie a eu lieu quelques jours auparavant, afin de désigner les heureux élus promis à sa table.

Surprise ! Surprise !

Il est 2 heures du matin.

« Pense d’abord à ce qu’il te faut faire, puis mets-toi à la besogne ». Cette phrase résonne dans la tête de Biscotte. Il n’en n’a que faire. Marguerite, Oh ! Marguerite, si tu savais !. Son visage, son parfum, sa douce voix, comment effacer cette image, qui le hante ?. Vêtue d’une robe jaune, qui, avec pudeur soulignait ses formes harmonieuses, elle s’est approchée de lui. A la main, un petit carton, frappé de l’emblème des Flots Bleus. Ce sésame lui donnait le privilège de diner à sa table.

Cette soirée fut un moment magique. Le repas un délice pour les papilles accompagné d’une musique enivrante. Sans oublier, mais comment oublier cette première danse de l’ouverture de bal avec Marguerite. Une valse viennoise où leurs corps unis en un seul, semblait voltiger hors du temps.

A nouveau, le stylo dans la bouche, Biscotte réfléchit. Son esprit est ailleurs. Les mots se bousculent dans sa tête, il ne peut pas écrire. Il ferme son carnet de bord. Pour une fois, cela lui coûte d’avoir du pain sur la planche.
Sans se déshabiller, il s’allonge sur sa couche. Ses oreilles bourdonnent. Une migraine commence à se manifester. Tout à l’heure, il ira voir le médecin de bord pour une prescription d’anti-douleur.
Le navire tangue un peu. 

Il est 4 heures du matin.

Biscotte est en miette. Son coeur chavire. Il ferme les yeux.

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