L’automne arrivait avec son lot de nostalgies, et nous voyions poindre le douloureux moment de la rupture. Allait-t-elle encore résister ?

Cet été, nous avions cueilli avec délice les fruits les plus doux. Du matin jusqu’au soir, nous consommions sans trêve, goulûment, ce que la nature nous offrait de plus charmant. Nous nous laissions entraîner dans la folie incontrôlable de nos sens en émoi. Nous savourions jusqu’à l’épuisement tous ces bonheurs que d’autres appelleraient les fruits défendus. Nous en avons exploré tous les contours sans jamais nous lasser. Toute la campagne nous faisait la fête et nos rires se mêlaient au chant des grillons.
Des nuages commencèrent à brouiller nos jeux et nos émois. La fraîcheur qui s’installait en fin de journée n’annonçait rien de bon.
Hélas, ce que nous redoutions, sans jamais oser l’exprimer, arriva. Un matin d’octobre, retrouvant le lieu de nos plaisirs, un énorme craquement nous fit sursauter et la branche la plus lourde, si généreuse, fatiguée d’avoir supporté tant de fruits, tomba au sol. Notre cerisier, privé à tout jamais de sa branche la plus majestueuse, avait perdu sa si belle harmonie.

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