Chère couette,

Je n’aurais certainement pas du lire ces quelques lignes qui ne m’étaient pas adressées, mais je n’ai pu résister… Aujourd’hui je prends la plume, car je ne puis passer outre l’humiliation que je ressens après ma lecture…Dans cette lettre du 22 août, que le monde entier a lu, tu ne cesses de tirer, si je puis me permettre, la couverture à toi, te prenant pour le personnage principal de nos vies entremêlées, l’héroïne nocturne de cette chambre dans laquelle nous passons toutes nos nuits ensembles. Comment as-tu pu évoquer autant d’intimité sans jamais me citer ? Ne suis-je donc rien d’autre pour toi qu’un objet, un paquet de plumes relégué au second rang ? Mais où étais-tu il y a cinquante ans lorsque les humains ont commencé à remplacer mes plumes par de la ouate ? Il n’y avait que draps et couvertures à cette époque, tu n’avais même pas été inventée ! Et aujourd’hui tu te permets d’évoquer des nuits si douces…si agitées…si excitantes sans même mentionner mon existence ? Tu manques cruellement d’expérience ! Moi j’ai bercé les nuits des rois, des reines, des chevaliers, des paysans, des princesses et des brigands. Moi j’ai été empli de plumes, de duvets soyeux, on a pris le plus grand soin de moi au travers des siècles. Moelleux, tendre, ferme ou ergonomique, je peux être tout ceux-là ! Sache que désormais, ce sera chacun pour soi.

                                                                                                        Celui qui croyait être ton ami, l’Oreiller.

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