Samedi 28 janvier 1939

Cher journal, toi qui aura été mon confident tout au long de cette longue carrière ; oui je me permet d’écrire ” longue carrière “, car même si je ne suis ni chanteur, ni peintre, ni écrivain, ni danseur….. que sais je encore, je n’ai vécu que pour cette passion qui m’aura poussé tout au long de ces années à parfaire mes créations. Tu fus mon plus grand ami, où sur tes pages, je décrivais avec ardeur et minutie les techniques, souvent difficiles, pour faire naitre un parfait joyaux. Parfois, il me fallait te faire souffrir, avec ma plume et mon crayon bien taillé, sur de nombreuses de tes pages pour transcrire, avec dessins et notations, les procédés de réalisation qui m’était propre et que je ne voulais pas dévoiler. Je te parlais en même temps pour coucher mes mots d’exaltation à la fin de chaque réalisations. Mais aujourd’hui, quel jour funeste ! Je m’en reviens de chez le spécialiste avec tristesse et effondrement. Le temps se presse trop vite vers ce jour où mes outils principaux seront définitivement morts. Je pensais avoir encore de nombreuses années à éblouir ces chères dames avec mon savoir faire. Mais non, cette horrible maladie accélère son travail et détruit insidieusement dans la douleur. Bien heureuse cette idée, malgré moi, de transmettre à un apprenti mon savoir faire et perpétuer de nouvelles oeuvres. Je suis satisfait de son savoir faire et peux croire avec soulagement que mon travail ne sera pas été vain et que des magnifiques bijoux continueront d’apparaitre et de paraître de tous leurs éclats dans la vitrine de mon humble échoppe. Finalement, je pourrais te dire que je suis heureux même si mes mains continuent leur effroyable course de mortification jusqu’à la mort.

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