A l’évidence, de votre point de vue, mon geste est insensé. 

Se tirer une balle en pleine poitrine après  avoir pris le soin de s’habiller de blanc, tout frais, amidonné… quel intérêt ?

J’avoue, cela peut laisser songeur. Il m’a fallu mûrir tout cela avant de m’employer à tourner vers moi-même cette arme qui souillerait à coup sûr ma chemise de bonne facture. 

Avec du recul, je crois que je me suis vêtu ainsi, pour faire face à moi-même, dans le meilleur des états. Se battre en duel demeure un événement qui mérite, il me semble, du style et du tempérament . 

J’aurais aussi pu songé à m’éviter… mais, allons donc… comment me serais-je alors regardé en face?

Je ne suis pas un lâche, et fusse contre moi-même, réparer une offense était question d’honneur, et bien me présenter, une question de respect.

Tel que je suis là, à demi-mort, homme éconduit par la vie… je me sens presque grandi par la dramaturgie de l’issue que j’ai choisie.

Affalé sur ma couche, victime de moi-même, je ressemble à ces gens qui se donnent la mort.

Mais pour moi il n’en est rien! Je ne me suis rien donné. Tout juste je dirais que je me suis ôté la vie, et encore…

Me suis-je ôté la vie? 

C’est vrai, je me suis tué. 

Comme dans tous les duels, il y a bien sûr un perdant… mais après tout, qui vous dit que je ne suis pas…l’autre… moi….?

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