Je ne suis pas violent. Juste un peu tendu.
Les gens me prennent pour une brute, mais c’est faux, j’ai simplement besoin de me détendre.
Le sport est l’exutoire de ces tensions. Oui, je sais, j’aurais pu choisir la natation ou le badminton. Mais moi, c’est la boxe qui m’anime.
La médaille n’est pas mon objectif. Non, mon objectif, c’est la détente. Mon sparring-partner me répète sans cesse de ne jamais dire cela en conférence de presse.
Alors je garde secrète ma motivation.
Tout commence par des nœuds dans les épaules, une contrariété au niveau du front. Je m’en libère en comprimant ma balle anti-stress : la tête de mon adversaire. Personne d’autre que moi ne voit les choses ainsi. Pourtant, ce n’est pas plus difficile que ça. Je malaxe ma balle anti-stress et je dois dire que cela me fait le plus grand bien.
Les cris excités autour de moi ont généralement renforcé mon besoin, et la balle anti-stress elle-même m’encourage en m’attaquant. Je déteste la douleur, alors j’esquive… Je protège mes mains que je trouve fort belles à l’aide de mes gants de boxes. Et je me détends avec ma balle anti-stress qui s’agite dans tous les sens.
Au fond de moi, j’ai un peu honte puisque c’est facile. Alors, par empathie pour ma balle, je finis toujours par lui offrir ce qu’elle me donne. Je ne mets pas KO mais K DO, par un uppercut décisif qui libère et détend pleinement mon adversaire. La communion est alors entière sur ce ring où rien ne tourne rond puisqu’il est carré, que chacun y voit de la brutalité alors que j’y trouve de l’apaisement, que le conflit est en fait une générosité qui me donne bonne conscience.
Au fond, je me détends tout seul, comme un grand, avec ma balle. Alors que ma balle, elle, a besoin que je l’aide. Peut-être est-ce pour cela qu’on devrait me remettre une médaille.
Mais mon sparring-partner me l’a dit : continue ta thérapie, continue de prendre soin de ton adversaire, et tout se passera bien…