“Le combat intérieur”. C’est la suite de “Journal de guerre”, qui était lui-même la suite de “Lumière”.
Quand Mamie l’appela d’en bas, elle sursauta. Non qu’elle s’était endormie, mais déjà, elle voyageait…
— La soupe est prête mon poussin ! Allons, viens vite te régaler…
— Je descends Mamie, je descends…
— C’est René qui m’a porté les cèpes ; tu vas voir comme c’est bon…
— Mamie, ma Mamie, dis-moi une chose : qui était cette Marie ?
— Cette Marie ? De quelle Marie parles-tu mon enfant ?
— Cette Marie là, celle d’avant, d’il y a longtemps ; cette Marie de la famille je crois… C’était l’amoureuse d’un gardien de phare ; ça, j’en suis sûre, Mamie.
— Ooh ! Le gardien de phare !?…
La vieille femme n’avait put réprimer un rictus qui trahissait à la fois sa surprise et son antipathie pour le gardien. Elle se reprit, et avec douceur :
— Mais d’où tiens-tu cela mon poussin ?
Nad, dont l’intelligence ne faisait jamais qu’une fois le tour de toute chose avait déjà compris : le mystère s’épaississait, et Mamie ne l’aiderait pas. Instinctivement, elle mentit :
— C’est Papa qui en parle souvent. Tu sais comme il est avec les gens qui vont à l’église… “Les hypocrites”, comme il les appellent. Et à chaque fois, il en revient à cette Marie.
La grand-mère, soulagée, se libère :
— Ahh, alors c’est simple : il parle de la Vierge, évidemment…
— Non, non, Mamie, il ne parle pas de la Vierge, il parle d’une vraie Marie… Et il en parle bien mieux que de la tienne… Tu sais comme il est, Papa, un peu fou, mais…
— Ton père est un fada, mon poussin. Heureusement, tu ne tiens rien de lui. Oublie donc ces bêtises… Goûte, goûte-moi cette omelette aux cèpes ! Et crois-moi, mon petit, c’est un dîner de roi !
Nad sentait bien que cette histoire de jugement qu’aurait porté son père sur les chrétiens, qu’elle avait inventée, ne tenait pas. Intérieurement paniquée, elle ne pouvait s’expliquer ce qui l’avait fait mentir ainsi. La honte qu’elle éprouvait lui dicta de faire bonne figure, montrer la paix sur son front, malgré la guerre dans son cœur…
Elle le savait, Mamie ne résisterait pas à son charme. Tout serait oublié. Très vite, en quelques secondes… Du moins le voulait-elle, mais elle allait bientôt découvrir que la vie se mêle de tout à notre insu…
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Bonjour
arrivée ce mois de mars 22 sur AlgoMuse je découvre votre suite de trois textes et j’apprécie beaucoup votre écriture. En relevant le 1er défi vous avez donné corps à un narrateur et à une histoire qui commence à se dérouler et contient un suspens certain. Avez-vous continué ? je vous y encourage.
Merci pour votre encouragement !
J’aime beaucoup cette histoire… Pourquoi pas celle-ci ? Et pourquoi celle-là ?
Vous me rappelez que j’ai laissé quelques traces ici… Je ne vous promets rien, mais, pourquoi pas ?
(J’ai lu quelques uns de vos textes : ils sont très beaux)