Monsieur,

 
Par la présente, je souhaite vous faire part du profond mécontentement qui fut le mien, en découvrant sur le parking de l’hôtel ce matin, à la place qui me fut allouée, un Master rehaussé, rallongé, garé sur l’aile de ma voiture jusqu’alors indemne de toutes rayures ou griffures suspectes, étant donné qu’elle sortait d’usine, flambant neuve, suite à la commande effectuée, cet été, juste avant de quitter mon stage usine chez Renault Flins, en tant que monteur de renfort tunnel sur la chaîne Clio, stage éprouvant, vous en conviendrez, pour une jeune femme aux gants de kevlar trop grands, employée le plus clair de son temps à effacer la trace des mots d’amour ou autres messages obscènes gravés à son intention dans la graisse, mais stage prometteur au demeurant, puisqu’il me permettait d’œuvrer au montage de l’automobile rêvée, baignée d’une peinture cerise métallisée, objet de convoitise que je trouve ce matin même, maculé d’un beige mat du côté passager, assorti d’une balafre qui me ferait crier de terreur à l’instant où j’écris ces quelques mots qui vous le constaterez n’ont rien de belliqueux, tout juste sont-ils empreints d’une grande désillusion : non, je ne me plains pas d’être maltraitée par mes pairs, je ne me plains pas d’avoir travaillé comme une forcenée pour en arriver là , je ne me plains pas de m’être fait bousiller ma voiture, non monsieur ; je fais juste une lettre de réclamation pour exprimer cette interrogation : quelqu’un va-t-il enfin retirer ce foutu camion du siège passager de ma pauvre Clio, mon chien était dedans, dans les bras de maman, à bien y réfléchir, cela devient angoissant.

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