Bébert l’arsouille

– Trente ans. C’est pas rien dans la vie d’un mec ! Tu rentres à 35 ans : Fais le calcul ! Pendant ce temps, la pollution aura fait son travail de sape et les poules auront des dents. Alors j’vais te dire, mon p’tit gars, si tu veux sortir encore frais, il faut de l’organisation. Le moral ! Tout est là ! C’est pas les cent pas dans la cour, ou bien, de temps en temps le youpi-tralala avec ta meuf dans le parloir privé, qu’tu vas t’refaire une santé (merde j’aime pas c’mot !). Le moral ! J’te dis ! Ben moi, question moral, y m’faut un cadre de vie. Écoute bien : si tu réagis pas dans le gnouf, t’auras l’air d’un pignouf.
Question luxe, je suis chébran et pas qu’un peu. Tu verrais ma piaule ! Un palais ! Bon ! J’ai d’la chance, ma bourgeoise, côté couture, c’est une championne. Mon pieu est devenu un canapé très classe où je me détends dans des coussins moelleux XXL dans les tons bleu canard ; la nuit, je rêve dans la soie et tu peux m’croire, j’en écrase ! Elle m’a apporté quelques éléments de la vaisselle du dimanche pour savourer les petits plats que je me mijote. Tu l’crois pas mon pote ? Chez moi, c’est tous les jours fête … sauf aujourd’hui, j’ai mon four en carafe, c’est pas d’bol.
La promenade est bientôt terminée. Mais écoute bien encore ça, comme dirait l’autre : « Il y a des êtres qui ne peuvent respirer que dans le luxe. Si on leur enlève le luxe, ils s’étiolent.». C’est pas de moi, mais ça aurait pu l’être !

Moi, je refuse de m’étioler, il a raison l’Anouilh.

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