Épilogue à * ding dong
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Soirée de fin avril, la nuit vient de tomber, à la lueur blafarde d’un falot, Pierre se dirige vers la mairie pour ce conseil extraordinaire à une heure indue. Le conseil du village se réunit pour statuer sur les événements graves survenus dix jours auparavant*. La salle des mariages de la mairie présente en cet instant un petit air de tribunal révolutionnaire.
– La conclusion des experts mandatés par la commune est que le mécanisme fonctionnait parfaitement, l’alimentation électrique ne souffrait d’aucun défaut, bref rien n’explique techniquement que les cloches n’aient pas sonné comme d’usage en ce jour particulier.
– Faites venir le sacripant à la barre, tonna le maire qui présidait.
– Vous voulez dire le sacristain, je suppose, susurra Pierre, chef de la chorale, avocat dans le civil.
– Sacristain, chenapan, sacripant, si je sais moi, faites venir François et qu’il cause !
Le prévenu s’avança en tremblant, incrédule de réaliser que cette histoire ait pu conduire à pareil épilogue.
– Comment justifiez-vous ce manque inqualifiable de cloches le matin de Pâques ?
– Vous avez reçu le certificat du médecin qui prouve le traumatisme dû à ma chute, à ma chute. Je vous assure j’ai fait tout ce que je pouvais pour sonner quand même à l’heure dite, à l’heure dite. Pourquoi me faites-vous procès, j’ai rempli mon office, mon office.
François semblait prêt à s’effondrer sur le parquet bien ciré. Pierre prit la parole :
– Mes amis, soyons raisonnables :
Quel préjudice pour les enfants et les gourmands ? Aucun, le Lapin de Pâques est bien passé distribuer ses friandises.
Quel préjudice pour la paroisse ? Elle en tire bénéfice, la sonnerie si originale lui a attiré plus de fidèles que jamais, curieux comme de vieilles pies. Depuis qu’il est chez nous le curé n’avait vu pareille quête !
Quel préjudice pour la commune ? Vous rigolez ! les deux quotidiens régionaux ont parlé de nous et le journal régional télévisé a consacré deux pleines minutes à cette histoire. Depuis, l’office de tourisme n’arrête pas de faire face à des demandes de réservation pour des locations de vacances. Jamais notre village n’a connu pareille notoriété.
En conséquence, loin de sanctionner ce pauvre François, et afin de le remercier de tout ce que nous lui devons de bon aujourd’hui, je vous propose de lui octroyer le diplôme d’honneur de la commune.
L’assemblée, retournée comme un seul homme par cette plaidoirie, acclama le pauvre sacristain. Le bruit des applaudissements alerta la chouette du beffroi qui s’en fut à tire-d’aile porter la bonne nouvelle aux animaux de la forêt.
“Ça” a l’air de rien… Mine de rien, c’est puissant…
Je ferais quand même la même critique qu’à @gigi22 : les personnages manquent d’incarnation “véritable” (“engagée” ?)…
[Juste mon “ressenti”, n’est-ce pas ?…]
Bien cordialement, Guillaume.
J’ai relu avec plaisir le tome1 et j’ai enchaîné avec “ça cloche”. Bravo pour avoir saisi l’opportunité d’une suite et pour avoir acquitté François…
Finalement tout le monde est content ! Un chouette scénario de BD ?