Je suis un lampadaire. Que ne suis-je un réverbère?
J’aurais au moins, comme mes ancêtres lointains, quelqu’un pour prendre soin de moi deux fois dans la journée.
Contrôlé à distance, je suis le gardien solitaire de villes dortoirs qui sans moi seraient plongées dans le noir.
Je veille sur les insomniaques promenant leurs petits chiens, je veille sur les voitures parfois incendiées par des gamins.
J’éclaire de mon faisceau des immeubles impassibles.
Je projette au sol une froide lumière et vers la voûte céleste, uni avec mes compères, une chape orangée que l’on peut de loin distinguer.
Que me manque qu’à mon pied reviennent des amants s’embrasser, que je puisse les protéger.
Mais dans ces villes mouroirs, ils préfèrent se cacher.
peinture de tristes banlieues
Je crains que ce lampadaire ne fasse une dépression 😅
X’Sublime.(je fais dans le superlatif de la sublimité…)
J’aurais lu plus facilement “à mes compères uni, une chape orangée qu’on peut de loin distinguer…” ; mais qu’ajouter à ma critique ?
Un vrai-beau poème, tout simple, moderne, actuel…
Merci pour le conseil!
Il est émouvant votre lampadaire mélancolique. Il nous renvoie quelques-uns de nos tourments/désolations d’humains.
Je ressens un gros cafard et beaucoup de résignation chez ce lampadaire.
Simple, mais sincère et émouvant. La nuit , quand je rentre chez moi, seul parfois et que, par la faute d’une panne de courant, la rue est plongée dans l’ombre , je perçois une sourde hostilité dans cette obscurité confuse, et je regrette qu’une lueur amie ne vienne pas me rassurer.
Graloup
Merci, @Graloup, d’avoir adressé un peu de sympathie à mon lampadaire banlieusard (qui, du reste, n’a rien à voir avec mon décor quotidien!).