Exténuée mais toutefois radieuse, une sage-femme repensait sa journée.
Le dernier accouchement s’était très mal déroulé: la jeune parturiente, inexperte et affaiblie ne parvenait plus à pousser
L’enfant en elle risquait de s’asphyxier, depuis bien trop longtemps il était engagé.
À force de mots doux et d’encouragements, la professionnelle accomplie parvint tout-de-même à insuffler à cette femme une force surhumaine, celle d’un ultime sésame libérant le premier cri.
Enfin extrait de la grotte maternelle, le petit d’homme, encore visqueux et tout froissé, la dévora des yeux longuement, dans une esquisse de sourire attendrissant.
“Quel métier, décidemment!”, songeait-elle en s’endormant… Mais oui, effectivement, mieux vaut sauver un mourant que d’enterrer cent morts.