J’arpente un pays demeuré secret, à l’écart des rives armoricaines, loin du déferlement des vagues, des landes d’armérie et de silène.

Pays aux verdoyantes collines fleuries d’ajonc et de bruyère, où folatrent encore chevreuils et hermines, blaireaux et sangliers et parfois un loup égaré.

Argoat! Terre mère, terre nourricière, âme, souffle et chair de tous les bretons.

Dans tes vallons encaissés murmurent les frais ruisseaux, comme un chœur immense aux sons mélodieux.

De leurs talus tout moussus jaillissent troglodytes et pipistrelles à chaque nouveau soir venu.

Églises centenaires aux clochers dentelés, flanquées de tourmentés calvaires et d’ossuaires abandonnés.

Depuis longtemps elles ne voient plus guère bréviaire ni curé et sur les tombes des cimetières les noms se sont effacés.

Ça et là, au hasard des hameaux désertés, un ancien sur son banc vient à me saluer.

De sa bouche édentée coule à flot mesuré l’accent de notre langue ancienne, celle qui est aussi la mienne.

Je m’attarde à l’écouter.

Dieu, que le temps nous est compté…

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