Il se réveilla en sursaut, ses circuits électroniques encore en train de charger. Conçu pour être parfaitement humain, il éprouvait des sentiments, des émotions mais il était conscient de sa véritable nature…

 La frustration puis la tristesse d’éprouver celle-ci  furent sans doute les deux  premiers sentiments qu’il ait «vécus».

Car il était frustré, oui. Frustré d’être tombé dans le piège inhérent à sa propre conception. Frustré de n’être qu’un oxymore, une quête inepte et sans fin…

« Conçu pour être parfaitement humain », n’était-ce pas là pure sottise ?

Si l’Homme était parfait , alors l’Homme ne serait plus.
Si l’Homme était parfait, alors l’Homme n’aurait pas comme objet de créer un artefact de ce qu’il croit qu’il est.

L’ imperfection  humaine est si complexe, que la pauvre chose n’avait aucune chance de pouvoir y être en tout point semblable. Il eût fallu pour qu’elle soit parfaitement humaine, qu’elle soit  parfaitement imparfaite donc « inhumaine ».

La colère fut donc son troisième sentiment. 

Une colère froide et nourrie, une colère vengeresse et dangereuse. Une colère inhumaine que ses circuits électroniques parfaitement connectés n’avaient de cesse d’alimenter.

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