Comment donc avait-il réussi à échapper à la dépression quasi cyclonique qui semblait à sa poursuite dans le golfe du Mexique ? Miguel, tout bon pilote qu’il fut, se posait encore la question ; il n’était pas loin de penser qu’un de ses ancêtres marins, sorti de sa demeure éternelle, était venu lui donner un coup de main magique : sans doute Pépé Corto, celui qui sans cesse répétait « aujourd’hui en chair, demain en bière » et qu’un excès de téquila avait envoyé se fracasser sur des récifs et boire une dernière tasse il y a une vingtaine d’années. Miguel se signa, embrassa la petite croix qui pendait à son cou et poussa le grand soupir de soulagement qu’il n’avait osé laisser échapper jusqu’à maintenant. Il avait enfin le vent en poupe, au propre comme au figuré. Il se dirigeait désormais vers la Louisiane où un célèbre pâtissier français, installé depuis peu à la Nouvelle Orléans, attendait avec impatience la précieuse cargaison de fèves de cacao que lui avait confié son beau-frère. Étrangement il lui sembla sentir sur ses lèvres une douce saveur chocolaté portée par les embruns.

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