La vérité est absente,
La vérité est jacente…
Un ange sublime m’apparaît que je veux saisir ;
En même temps Satan déjà me souffle que mon désir,
Pour s’assouvir hors les antres du mensonge,
Pourrait bien conduire, sans même que j’y songe,
Dans les fers de la triste brisure
Celle-là même que j’en veux protéger.
C’est ainsi, c’est comme si l’usure,
Par le cornu suprême pratiquée,
De préemption sur l’amour s’arrogeait le droit,
Et dans l’âme des amants inscrivait la fêlure,
Que, bien qu’amoureux fous, en toute bonne foi
Ils brandiraient un soir pour causer la cassure.
La vérité est manquante,
La vérité est vacante.
L’amour est à ce prix de devoir affronter,
Le miroir déformant d’un égo ravivé,
Qui les amants condamne à ne plus se comprendre,
Et s’ils ne s’en gardent, leur idylle à se pendre.
Car Cupidon sa flèche, de confiance,
De belles espérances, d’admiration
Et de générosité, avec science,
Avait ointe pour créer leur passion.
Mais le noir démon sur sa pointe se dilue,
Et l’idéale entente par la zizanie
Sur elle crachée comme venin de serpent, tue !
De la belle Hyménée il ne reste que la lie…
La vérité est trompeuse,
La vérité est fielleuse.
Mais tu es là, éblouissante et radieuse,
La joie te sied, la vie t’habite, tu es heureuse ;
Tu es belle, tu es celle que l’on nomme Lilith,
Celle qui de l’homme la savante lumière délite.
Rien ni personne ne te résiste,
Pas même moi qui comme un schiste
Me fends en parts et me prépare
A la magie de ta cithare…
Car je le sens, car je le sais, car je le veux,
Etre l’élu et sous l’ardeur de ton feu,
Tel l’archange aux noirs abîmes condamné
De ton amour me consumer et l’assumer.
La vérité est rieuse,
La vérité est moqueuse…
Ma poésie que tu inspires, oh toi ma muse !
Aux mille tours de la vie, et de l’agonie,
Aux mille flèches d’une maléfique arquebuse,
Comme douée pour le bonheur, est aguerrie.
Quand la détresse, traîtresse, me terrasse ;
Quand le doute, l’angoisse, ou la peur,
Dans ma passion, d’une noire crevasse
Et du néant imprime la terreur,
Je pense à toi, mon Amour, je pense à la joie,
A la formidable envie de vivre qui t’habite,
A cette inspiration qui me montre la voie
De ton cœur, de ton âme, et de nous… dans le mythe.
La vérité est un songe,
La vérité est Oronge.
J’imagine alors que ce soir nous sommes ensemble,
Et que toi, mon Amour, ma joie, toi qui me semble
Mon avenir et mon passé tout à la fois,
Tu me caresses et me vénères comme un roi !
J’imagine encore que la vie,
Triomphant de l’hideuse lie,
La sève même, ardente et virile
De mon être en toi si fébrile,
Epand, dispense, éjecte comme récompense,
Cette part de moi qui de toi, sans violence,
Saura faire son alliée vers la félicité
De se réaliser dans une autre entité.
La vérité est un conge,
La vérité est une longe.
D’inspiration hugolienne, je dirais. Impressionnant. Cependant, vous présentez ce poème comme “sophistiqué” ; c’est un euphémisme, n’est-ce pas ?