Le Commandeur se tourna vers moi :
– N’oubliez pas, Dirius, que nous sommes ici pour essayer de comprendre ; notre rôle premier est d’éclairer le Conseil sur ce qui est bon et ce qui ne l’est pas pour l’avenir de notre monde. La complexité du problème qui nous est posé, et l’urgence dans laquelle nous sommes de devoir le résoudre ne nous donnent pas droit à l’erreur.
– Ajoutez à cela que nous en sommes réduits à faire fonctionner nos neurones sans “nanos” et avouez, Commandeur, qu’il y a quand même de quoi se décourager, osais-je.
– Vous ne seriez pas ici dans ce cas Dirius. Nous avons confiance en vous. Vos états de services témoignent de vos capacités hors normes. Laissez donc ces gadgets électro- diaboliques aux enfants gâtés, et remerciez plutôt votre créateur de vous avoir doté de telles facultés cérébrales.
Il sourit amicalement et disparût sans attendre de réponse.
Le Commandeur Tydomène était un homme de grande stature. Dans tous les sens. Une silhouette de plus de deux mètres et, quoique bien proportionné en tout, une allure massive, lui conféraient une puissance tranquille et rassurante. Agé d’une centaine d’années, il était le plus jeune des sages du Conseil et le seul représentant en son sein de la carrière des armes. Ce n’était d’ailleurs pas le militaire qui y siégeait, l’organe suprême de la galaxie n’en pouvait comprendre, mais l’astrophysicien deux fois récompensé par le Nobel au XXIème siècle. Car le Commandeur était d’abord un génie de la physique quantique, le découvreur de la théorie des temps condensés, mais surtout le découvreur de Bèb 2036, ce cauchemardesque trou noir qui menaçait maintenant d’engloutir la Voie Lactée !
Le Commandeur était aussi une énigme qu’il me faudrait bien résoudre un jour…
En tous cas je respectais et j’admirais cet homme. Jamais intelligence plus pointue ne m’avait paru si utilement -et courageusement-, mise au service d’une cause avec une telle abnégation. L’homme n’attendait rien. Ni gloire, il en jouissait bien malgré lui dans toute la galaxie, ni reconnaissance car il connaissait les hommes. Son moteur était son idéal. Un idéal élevé, de nature purement philosophique, tendant à la réalisation de la plus belle partie de soi- même, de l’être parfait qui sommeillait en lui comme il sommeille en chacun de nous, étouffé le plus souvent par notre ego.
Mais, n’ayant vraiment répondu à aucune de mes questions, il me laissait une fois de plus sur ma faim.
(à suivre?)
continuez Yann, et devenez algomusien !