Ainsi l’ogre, hier despote sanguinaire, décida de s’acheter une nouvelle conduite, las de sa mauvaise réputation. Il ne dévorerait plus les petits enfants. Mais la faim le tenaillait sans cesse. On pouvait l’apercevoir traverser les forêts, tirant une carriole chargée de victuailles à profusion : jambons entiers, fromages, lait, vin, etc.

Dans le bois des hauts chênes, il fit un soir la rencontre d’une fillette en sanglots, tout de rouge vêtue.

– où vas-tu toute seule à cette heure tardive par ce froid de canard ?

– je vais rendre visite à ma grand-mère. Mais j’ai mangé en chemin la galette avec un petit pot de beurre que je devais lui apporter. Et je vais me faire gronder.

L’ogre eut pitié de l’enfant. Il lui prépara de grosses tartines beurrées.

La petite fille partit d’un pas alerte en chantonnant jusqu’à la petite maison de sa grand-mère, au plus profond du bois.

Malheureusement, et la pauvre gamine l’ignore, l’histoire risque de mal se terminer car le loup, au moment où je vous parle, n’a pas encore décidé de devenir mouton. A moins que …

Et si, par exemple, le loup rencontrait l’ogre. Voilà la bonne idée.

Un loup, très efflanqué, avide de chair fraiche, cherchait à se mettre quelque chose sous ses dents menaçantes. Au loin, il aperçut un énorme bonhomme tirant un chariot plein de bonnes odeurs invitant à faire bombance. A la fin de sa course folle, il sauta sur le plus gros jambon et le dévora. Quel touche-à-tout ce loup !

La grand-mère est sauvée. (pour cette fois).

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