Dans le monde de ces années là, l’internet n’existait pas…
– oooh la phrase de « boomer »!
– Je sais bien, à toi cela semble inconcevable. En réalité, pour moi aussi cette ère est révolue. Et le simple fait d’y penser avec quelque mélancolie et pointe de regret, semble vouloir me précipiter dans un archaïsme incongru de vieille reac obstinée.
N’empêche que c’était bon de feuilleter les pages et faire ses exposés sans le « copier-collé ».
C’était différent d’envoyer son courrier et d’attendre simplement une réponse papier.
Les moments suspendus nous redonnaient du souffle, tempéraient nos humeurs et parfois nos ardeurs. Et si l’on s’enfiévrait, à l’attente d’une réponse, cela pouvait être jouissif. Je sais, le terme est fort mais il est assumé. C’était meilleur, je te l’assure qu’un texto tapoté entre deux rendez-vous, ou pire encore, qu’un selfi trop posé expédié depuis la terrasse d’un café.
Le « tout tout de suite » n’existait pas et le « peut-être » laissait une chance d’espérer.
– ouaip… mais du coup , tu ramais grave pour retrouver tes potes!
– oui… on pouvait galérer pour trouver un restau, son métro, localiser ses amis, trouver quelques infos…
En fait, on galérait pour tout, mais c’était le cas de tout le monde… Non, pardon, on ne galérait jamais pour trouver du réseau ou de la batterie. Et ça… c’est irremplaçable !
– J’avoue… le manque de réseau ça craint… Plus de snaps, plus d’insta… le seum…
– Tu sais, nous aussi, on placardait nos murs de photos, mais c’était nos murs de chambre, avec des photos découpées dans les magazines. Du coup, pour « liker », nos vrais amis venaient dans notre vraie chambre et nous disaient vraiment ce qu’ils pensaient de nos vrais goûts.
Parfois on se disputait. On ne s’envoyait pas des emojis «caca ou des têtes de mort » mais de véritables insultes voire même un bon poing dans la gueule pour les plus agités.
– ah tout de même ! C’était violent ton époque!
– oui, non, enfin… je dirais que ça pouvait laisser des traces physiques mais moins prégnantes et surtout cela restait entre nous.
Parfois, on partageait un secret. Du coup, comme il n’était pas sur les réseaux… et bien, il restait…. Secret.
– mmm, j’avoue ça c’était cool!
– Tu vois , il était bien aussi le temps d’avant internet. Je lisais les journaux, je buvais du café, je faisais les petites annonces… et je marchais les mains dans les poches et la montre au poignet.
– Tu n’avais pas de smarthphone?
– Non. Enfin pas au début, mais j’ai eu un minitel! Il était moche et tout marron, et c’était une révolution ! Avec ça, tu pouvais éviter de chercher dans les annuaires de la poste ! Mes copains se débrouillaient mieux que moi, car ils disaient que leur minitel était couleur rose…
– euh… ça c’était autre chose…
– oui je sais.. je blague… disons que… si j’avais eu internet, à l’époque, j’aurais tout de suite su de quoi ils parlaient!
nostalgie ! quand tu nous tiens ! ces lettres qui voyageaient rien que pour nous qu’on ouvrait en tremblant !
mais hier, AlgoMuse n’existait pas et je n ‘aurais pas eu le plaisir de lire votre texte …
Je suis bien d’accord, il y a heureusement du bon !!!
De hier nous gardons cette saveur d’un temps révolu mais si évocateur de bonheurs de jeunesse, d’aujourd’hui nous goûtons le plaisir des réalités qui nous sont offertes par le temps présent. Notre vie est symphonique, merci pour cette partition nostalgique très bien écrite.
merci pour ce retour savoureux aux partages différents de “l’avant” Beau texte