Je ne suis pas coquette. J’associe souvent cette lacune au manque de connexion avec ma mère. Au début, elle a bien essayé de m’apprendre, ou plutôt de choisir pour moi ce à quoi mon physique devait ressembler. À l’adolescence, aube de mon affirmation, il est devenu clair que nos goûts, avis et personnalités étaient bien trop différents. Je ne rentrais pas dans son moule; ce qui a eu pour résultat un soudain abandon de son poste de mère.

Il m’arrive fréquemment de devenir la mission d’autres femmes, des femmes plus élégantes que moi. Elles voient en mon physique un potentiel qui pourrait être décuplé par leurs savants conseils et dons d’accessoires de coquetterie. J’aime être leur poupée, croire, imaginer avec elles que demain, je serais une femme nouvelle, plus soignée, plus apprêtée. De ces attentions particulières et ponctuelles, j’embrasse un sentiment maternel, sentiment dont ma vie est tristement dépourvue. 

Je possède la relique d’une de ces expériences; une trousse de maquillage bouffante, en simili-cuir orange. J’ai recueilli grâce à elle de nombreux compliments de la part de mes pairs féminins. Occasionnellement, elle m’a permis de me sentir membre de la communauté des femmes coquettes.  

Aujourd’hui, après huit années de fidèle service, le beau simili cuir orange est effrité ; tout comme s’est effritée ma relation avec ma mère.

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