C’était une fin d’après-midi d’hiver, les rares clients ne s’attardaient pas dans les allées aux néons blancs, emmitouflés dans leurs écharpes criardes, les gestes et le regard engourdis par le froid du dehors.  Et puis, elle est passée, furtivement elle m’a effleuré de sa main étrangement douce, et j’ai frissonné. Quand elle est revenue vers moi, j’ai su tout de suite qu’elle m’emporterait. D’un geste sûr, elle m’a extirpé de mon sinistre rayon, j’ai senti ces bras tièdes me poser délicatement dans le charriot, vite la caisse, vite les chaos de l’autobus et le bonheur enfin ! Dans son lit douillet, sous la couette, elle passe notre première nuit à me lire des histoires, des histoires sans fin à rire ou  à pleurer et, comme un ange, sa tête légèrement posée sur mon tas de plumes que je m’efforce de garder fraîches et gonflées chaque soir, impatient que je suis qu’elle s’allonge près de moi  et me garde, dans sa chaude odeur, jusqu’à l’aube où nous nous endormirons tous les deux.

2
0
L'auteur-trice aimerait avoir votre avis, veuillez laisser un commentaire.x